Trouver son «outil du bonheur»

Je ne suis ni une experte ni une scientifique, mais j’aime vivre des expériences pour pouvoir mieux comprendre la vie. Ces dernières années m’ont amenée à explorer diverses avenues, dont la photographie… une véritable révélation ! J’ai en quelque sorte découvert mon « outil du bonheur », celui qui a changé ma façon de voir le monde.

En décembre 2010, alors présidente du Club de photographie Polarisé de l’Outaouais au Québec, je lance le défi de prendre une photo par jour pendant 365 jours aux membres photographes intéressés(es). Comme j’aime aussi écrire, ­j’allais aussi joindre un texte à mes 365 images. 

Les premières journées de l’année, et même les premiers mois, furent vraiment difficiles. Je traînais mon appareil photo partout dans mon sac à main (bien qu’un peu lourd !) et je cherchais des scènes à photographier. Les citrons en solde au marché, les promenades de fin de journée avec mon chien, les fleurs reçues en cadeaux, les événements un peu marquants de la journée, etc. J’avais 24 heures pour prendre la photo et composer mon texte. Certains jours étaient simples et évidents, d’autres étaient angoissants et paniquants. « Qu’est-ce que je vais montrer aujourd’hui ? » Puis bien sûr, j’étais dans la performance, je tentais de me prouver à moi-même (et aux autres membres de la communauté photographique) que j’étais une photographe avec du talent et que techniquement, je savais ce que je faisais. J’affichais photo et texte sur mon blogue à la fin de chaque journée, et je m’ouvrais aux critiques et commentaires de la communauté intéressée. Ce fut une année de recherche quotidienne, intéressante, et très exigeante. 

À la fin de l’année 2011, je réalisai que j’aimais l’exercice et que malgré la tourmente interne qu’il me créait tous les jours de l’année, je ne pouvais pas m’arrêter. J’ai donc continué le défi en 2012, puis en 2013 aussi, oui, de la folie ! J’en ai même fait un livre.1

Après 1096 jours consécutifs de photos et de textes, j’ai tiré un constat bien personnel de cet exercice. La photographie du quotidien a complètement changé ma vie. Complètement. Je remarquais dorénavant les ombres partout où j’allais. Je portais une attention particulière aux réflexions dans les vitres, les encadrements, les miroirs, les fenêtres. Les couleurs étaient éclatantes. Les textures me sautaient aux yeux. Les motifs répétés devenaient une source de joie. Les dimensions s’élargissaient, mon monde s’agrandissait. Voir autrement était devenu mon défi du jour et surtout, ma deuxième nature. Sans chercher, je laissais venir la vie à moi et je laissais tomber les attentes. J’avais un lâcher-prise impressionnant et je savais que la photo du jour allait se présenter à moi éventuellement. La vie photographique consciente et éveillée est venue forger ma vie intérieure et ma nouvelle vision du monde en général, c’était génial ! J’ai appris à accueillir le quotidien comme un cadeau qui se développait devant mes yeux. 

J’ai même surnommé la photographie mon « outil du bonheur », elle était devenue ma pratique spirituelle dans le quotidien, une autre forme de méditation pour célébrer le présent.

Se voir autrement
En 2013, la vie m’apporte d’autres défis, je déménage à la campagne et je perds tous mes repères sociaux. Du temps pour l’introspection, j’en avais ! C’est alors que je réalisai que comme photographe, je voyais la beauté partout autour de moi, mais que j’avais encore du mal à me trouver belle, moi-même, physiquement.

J’entrepris à ce moment un autre défi photographique qui s’avérait aussi thérapeutique et personnel ; celui de me regarder. 

À 35 ans, il était temps que je cesse d’être à la merci des commentaires des autres sur mon apparence physique et que je me solidifie. J’allais me regarder afin de me trouver belle sans le regard des autres. Ça allait être une photo par semaine cette fois, puis un texte descriptif en réflexions sur le sujet. 

Ce fut 52 semaines de profondes remises en question, de douleurs, de joies et de découvertes, puis d’acceptation. Comme un tableau, j’ai observé. J’ai exploré mon corps en 360 degrés. Puis j’ai compris quelques trucs à d’autres niveaux... 

Je suis réellement belle quand...
» j’observe mon corps sans le juger ;
» je cesse de vouloir me comparer et devenir une autre ;
​​​​​​​» je laisse la vie me guider sans essayer de tout contrôler ;
​​​​​​​» je pratique une activité qui me rend heureuse ;
​​​​​​​» je suis connectée à la nature, aux animaux et aux autres ;
​​​​​​​» j’accepte ce qui se présente à moi comme un cadeau de la vie ;
​​​​​​​» je ne cherche pas à être joyeuse à tout prix et que j’apprivoise la gamme d’émotions que je vis comme des indicateurs de besoins remplis ou non ;
​​​​​​​» je suis dans le moment présent, et que je peux gérer mes pensées pour me sortir du passé ou du futur ;
​​​​​​​» je cultive la gratitude.

En pratiquant ce style de vie le plus souvent possible, je deviens une personne plus calme, accueillante, plus souriante et surtout, plus consciente. Par quasi magie, je me suis retrouvée à briller plus souvent et à finalement devenir au plus beau de mon être ! Les yeux illuminés, je faisais tourner les têtes, par ma présence, mon rire et mon authenticité !

C’est grâce à ces réalisations, une semaine à la fois, une photo à la fois que j’ai compris l’essence de la beauté intérieure. Puis avec le temps, j’ai appris à m’aimer un peu plus, puis encore un peu. Que même si on voyait mes racines, que mes cuisses et mon tour de taille n’étaient pas parfaits, j’étais une belle personne. Une personne attachante, sympathique, charmante, intelligente, enjouée, intéressante ! Oh yes ! Une personne de mieux en mieux dans sa peau.

Quand mes yeux se sont tournés vers les beautés qui se trouvaient en moi, mes beautés extérieures sont sorties de façon exponentielle ! Boum ! Cette expérience devait servir à d’autres. C’est ainsi que j’ai donc publié un deuxième livre.2 

Et puis après ?
Après ces quatre défis photo en trois ans, j’étais une personne changée. J’appréciais mon extérieur et mon intérieur. J’éprouvais de la gratitude plus facilement qu’avant. J’avais appris à lâcher prise et à accueillir ce qui se présentait devant moi sans attente. Je contemplais le quotidien et méditais. Je connectais plus facilement avec mon environnement et je laissais la vie m’envoyer des messages simples pour m’aider à avancer sur mon parcours. Une zénitude s’installait.

Cet état prenait de plus en plus de place dans ma vie. Je changeais de vibration tranquillement, les gens étaient différents et positifs autour de moi, et je ne voyais plus les relations de couple de la même façon. 

À l’automne 2014, j’ai regardé mon meilleur ami pour la première fois avec les yeux du cœur. Un homme que je n’avais jamais trouvé particulièrement beau physiquement auparavant. J’ai compris à cet instant, que c’était lui que j’aimais. Cet ami qui était à mes côtés depuis 15 ans déjà ! Mon appréciation globale de moi-même venait de s’étendre sur ma vision de l’autre. 

Nous sommes devenus un couple et j’ai donné naissance à notre premier enfant en janvier 2016. Béatrice est le fruit de notre amour, et surtout, le fruit de mes nouveaux yeux qui ont pu voir l’essentiel en moi-même et en son papa. 

N’est-ce pas le plus beau des cadeaux qu’un parent puisse faire à son enfant, de reconnaître sa propre beauté et sa valeur avant tout ? 

Certes, c’est un travail de tous les jours que de continuer à me trouver belle, mais je le fais pour ma fille. À mon avis, si elle voit sa mère épanouie, elle suivra le chemin. C’est d’abord à nous, les parents, de conscientiser notre beauté et notre valeur. Comme adultes, continuer de travailler son estime de soi et favoriser une relation saine face à son image, c’est la clé pour nos enfants. Si la relation à notre propre corps est positive, nous serons moins tentés de juger les autres et réduirons les commentaires négligents envers eux. 

C’est vers nous que nos petites filles et nos petits garçons se tournent pour développer leurs valeurs et leurs opinions. Oui, c’est une majestueuse responsabilité, cela demande du courage et de la conscience, mais ce sont de magnifiques valeurs à léguer, non ?

Trouver son outil du bonheur
À présent, je n’ai plus absolument besoin d’un appareil photo pour regarder la vie autrement et pour contempler. Cet appareil est un outil, un médium pour m’apprendre à m’arrêter, à voir, à connecter, à me réaliser. Mes yeux, mon cœur, mes cinq sens sont mes outils de conscience intégrés et je les traîne en permanence avec moi. L’aventure photo m’a amené où j’en suis aujourd’hui, c’est tout de même fascinant quand on y pense ! 

Ça vous parle ? Trouvez votre « outil du bonheur » du moment, le dessin, le yoga, le sport, la cuisine, le jardinage, etc. Engagez-vous totalement et laissez-vous transporter par sa force et sa douceur. Il vous réservera de bien belles surprises en plus d’inspirer les petits et les grands autour de vous !

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Qui est Nathalie ?

Maman de la petite Béatrice, professionnelle, conjointe, photographe dans l’âme et auteure accomplie, Nathalie Lauzon se joint à l’équipe de Moi Parent. Ayant à cœur le vrai, l’authentique et aussi la symbolique, elle dira les choses comme elles sont, elle fera réfléchir et peut-être même rire ! Toute petite, elle disait déjà vouloir vivre des « expériences » pour pouvoir un jour les raconter à ses enfants. C’est réussi ! Ce sont donc ses multiples expériences de vie qu’elle partagera ici avec vous, son quotidien de mère, bien sûr, mais aussi de femme parce que nous l’oublions trop souvent… derrière toute mère, se cache avant tout une femme.

NATHALIE LAUZON
Photographe et auteure

www.nathalielauzon.ca • ­info@nathalielauzon.ca

Références: 
Un jour à la fois en images, pensées et beautés du quotidien, 2013, Béliveau Éditeur
Je suis belle, et vous ? Le défi de s’aimer une semaine à la fois, 2014, Béliveau

Par Nathalie Lauzon

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