Le TDAH démystifié par la science

Nous avons tous déjà entendu des phrases comme: «Le TDAH, c’est juste une mode», ou encore «C’est de la faute des parents, ils manquent d’autorité», ou bien «S’il voulait, il pourrait! Il est juste paresseux!» Ces affirmations sont malheureusement associées à un manque de connaissance, généralement bien involontaires, de la part des personnes qui les mentionnent.

Le Trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité, mieux connu sous l’abréviation TDAH s’avère cependant un véritable trouble neurologique, qu’il est important de démystifier.

Qu’est-ce que le TDAH?
Scientifiquement, on l’explique par un déséquilibre du taux de certains neurotransmetteurs (messagers chimiques). Saviez-vous que la quantité de ces derniers dans le cerveau d’une personne TDAH n’est pas la même que chez une personne sans TDAH? En effet, la dopamine et la noradrénaline sont les deux messagers les plus touchés par ce débalancement, venant ainsi affecter la motricité, l’attention, les émotions, le sommeil et l’apprentissage des gens qui en sont atteints. Plusieurs facteurs peuvent influencer la prévalence, dont l’hérédité et l’environnement. Peu importe le contexte, à l’école ou au travail, c’est une situation pouvant être difficile à vivre pour la personne qui en souffre ainsi que pour son entourage.

On estime que 6 à 9% des enfants et 4% des adultes souffrent de TDAH. Ces gens sont plus susceptibles de souffrir de dépression, de trouble d’humeur, d’anxiété et de trouble du sommeil.

Quels sont les impacts du TDAH? 
Une étude importante a permis d’analyser l’activité cérébrale de certaines zones du cerveau de plusieurs enfants atteints du TDAH et de plusieurs enfants normaux pendant qu’ils réalisaient une tâche qui leur demandait de la mémoire et de la concentration. La figure ci-dessous montre les résultats obtenus. La colonne de gauche représente les enfants TDAH, celle du centre, les enfants normaux et la colonne de droite la différence. On remarque qu’il y a moins d’activité dans ces zones dans le cerveau d’un enfant TDAH que dans celui d’un enfant sans TDAH. Il faut comprendre que les zones analysées sont seulement celles reliées à la mémoire et à la concentration, deux facultés normalement peu développées chez un enfant atteint du TDAH. En analysant toute l’activité cérébrale, le résultat serait différent. Cette étude démontre ainsi que le cerveau d’un enfant TDAH réagit différemment dans ce genre de tâche, donc à l’école par exemple.

Des différences dans la maturation du cerveau ont aussi été observées. Des études ont démontré que la maturation du cerveau d’un enfant atteint du TDAH est retardée de 3 ans par rapport à un enfant normal. L’image ci-dessous montre l’évolution d’un cerveau TDAH (la ligne du haut) par rapport à un cerveau normal (la ligne du bas), de l’âge de 7 ans jusqu’à 13 ans. Plus la couleur sur l’image est foncée, et plus le cortex cérébral de l’enfant est épais. Le cortex cérébral est une zone du cerveau (couche extérieure) qui participe entre autres au langage, à la motricité, à la sensibilité et à la mémoire. Ainsi, plus le cortex est mature (épais) et plus ses fonctions sont développées.

Pourquoi devriez-vous traiter le TDAH?
Le TDAH peut être difficile à gérer pour la personne vivant avec ce trouble, et ce, particulièrement dans des milieux scolaires et professionnels. Si votre enfant vit ce problème, il est important de ne pas laisser transparaître vos craintes à ce dernier, puisqu’il pourrait se sentir submergé par cette pression.

Dans cette perspective, pour favoriser le bien-être de votre enfant, il est suggéré de traiter d’une manière ou d’une autre son TDAH. Parmi ces solutions, le traitement par médication est une avenue possible. 

Avantages du traitement par médicament:
• Diminue globalement les effets du TDAH
• Rétablit la confiance en soi des personnes atteintes
• Favorise la concentration et la mémorisation
• Favorise l’apprentissage et l’attention
• Aide à faire la distinction entre un comportement approprié et inapproprié

Nous vous suggérons fortement d’obtenir un diagnostic officiel d’un médecin ou d’un neuropsychologue. Ainsi, vous aurez la certitude que vous ou votre enfant êtes atteints d’un TDAH avant d’entreprendre des mesures pour le traiter, ce qui est très important.

Comment la génétique peut-elle vous aider?
Le séquençage et l’interprétation du génome ont non seulement le potentiel d’améliorer le diagnostic des conditions causées par les mutations dans l’ADN, mais également d’indiquer quels traitements peuvent être inefficaces. Lorsqu’on parle de prévalence du TDAH, l’hérédité est un facteur très important, puisque l’influence génétique est d’environ 70 à 80%. Si un parent souffre du TDAH, les chances qu’un ou plusieurs de ses enfants en souffre aussi sont élevées. À noter qu’il n’existe pas de test génétique pour diagnostiquer le TDAH, puisqu’il y a trop de gènes impliqués et que toutes les mutations ne sont pas connues à ce jour.

Conséquemment, des experts ont recueilli les informations scientifiques existantes en date d’aujourd’hui pour développer un test pharmacogénétique offrant un bilan de recommandations quant aux choix de médicaments en fonction du code génétique des individus. Vous vous demandez ce que signifie le terme «pharmacogénétique»? On définit la pharmacogénétique comme une science qui identifie des facteurs génétiques d’un individu pour choisir le bon médicament, utiliser la bonne dose et réduire les risques d’échec thérapeutique et d’effets indésirables. En effet, les tests pharmacogénétiques ne peuvent pas prédire à 100% si un médicament fonctionnera ou non, ou s’il causera des effets secondaires ou non. Globalement, la pharmacogénétique contribue à identifier des facteurs de risque qui peuvent aider la prise de décision clinique. Aujourd’hui, on comprend mieux pourquoi certains individus répondent bien à un traitement tandis que d’autres n’ont aucun effet thérapeutique ou des effets secondaires sévères. Dans ce cas, on peut dire que la pharmacogénétique vous aide à mettre toutes les chances de votre côté lorsqu’on a plusieurs options de médicaments. En fait, elle fournit à votre médecin des informations génétiques qui réduisent les risques de perdre du temps avec des traitements inefficaces ou de mettre en danger le patient avec des traitements dangereux. 

En terminant, il est important de comprendre que le TDAH est un véritable trouble neurologique qui affecte une grande partie de la population. On propose dorénavant des tests génétiques permettant de déterminer quel médicament a les meilleures chances de succès, selon une analyse génétique. Ce test ne diagnostique pas le trouble, il permet plutôt d’orienter le traitement. 

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Qu’est-ce que BiogeniQ?

BiogeniQ permet à tous de prendre le contrôle de leur santé en offrant des conseils simples, appropriés et utiles basés sur leur génétique. La façon dont les individus réagissent aux médicaments, métabolisent les nutriments et développent certaines maladies peut être largement influencée par la génétique. Cependant, la majorité des gens n’ont aucune idée de l’impact que leurs gènes peuvent avoir sur leur santé. En collaboration avec les professionnels de la santé, l’information génétique du patient liée à la nutrition, à la médication et aux maladies est livrée en temps opportun de manière responsable et éthique.

MICHEL CAMERON
Vice-président, affaires scientifiques
BiogeniQ

michel.cameron@biogeniq.ca

Références:
- TDA/H Belgique, (sans date), L’impact des traitements chez l’adulte atteint du TDAH et de dépendance aux substancs, Site officiel [site Web], consulté le 26 juillet 2016, http://tdah.be/site/ADULTES/impactdependanceadulte.pdf
- Le cerveau à tous les niveaux Université McGill, (sans date), La synapse et les neurotransmetteurs, Site officiel [site Web], consulté le 26 juillet 2016, http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_01/i_01_m/i_01_m_ana/i_01_m_ana.html
- Massat I, Slama H, Kavec M, et al. Working Memory-Related Functional Brain Patterns in Never Medicated Children with ADHD. Soriano-Mas C, ed. PLoS ONE. 2012; 7(11) : e49392. doi:10.1371/journal.pone.0049392.
- National Institute of Mental Health (novembre 2007), Brain Matures a Few Years Late in ADHD, But Follows Normal Pattern, Site officiel [site Web], consulté le 26 juillet 2016, http://www.nimh.nih.gov/news/science-news/2007/brain- matures-a — few-years — late-in — adhd-but-follows-normal — pattern.shtml
- Larousse (sans date), Cortex cérébral, Site officiel [site Web], consulté le 26 juillet 2016, http://www.larousse.fr/encyclopedie/medical/cortex_cérébral/12205
- Franke B, Faraone SV, Asherson P, et al. The genetics of attention deficit/hyperactivity disorder in adults, a review. Molecular Psychiatry. 2012; 17(10) : 960-987. doi:10.1038/mp.2011.138.

Par Michel Cameron

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