Allergie: Pour une rentrée en toute sécurité

La rentrée scolaire, ce passage obligé, qui revient chaque année et que l’on associe à la fin des vacances d’été, au retour à la routine et à la discipline, peut représenter un vrai ­casse-tête pour bien des familles. La situation est d’autant plus préoccupante pour les parents dont les enfants sont allergiques.

Les allergies alimentaires touchent de 6 à 8 % des enfants, ce qui fait qu’environ 75 000 élèves québécois vivent avec des allergies alimentaires et courent des risques d’anaphylaxie. Il s’agit d’un enjeu de santé publique important puisque l’anaphylaxie est une réaction allergique grave qui, en l’absence de traitement immédiat, peut être fatale.

Pourtant, au ­Québec, il n’existe actuellement ni loi ni protocole qui permettent une prise en charge uniforme des enfants à risque en milieu scolaire. À ce sujet, ­Allergies ­Québec a déposé un projet de loi au mois de mai dernier, afin de demander au gouvernement provincial de revoir sa politique en matière d’allergies alimentaires dans les écoles. Ce sera un dossier à suivre de très près cet automne.

Pour réduire le stress de la rentrée et accroître la sécurité des enfants allergiques, quelques précautions s’imposent.

Quelques
recommandations

Pour réduire le stress de la rentrée et accroître la sécurité des enfants allergiques, quelques précautions s’imposent.

Avant la rentrée scolaire
• Il est primordial de préparer votre enfant en vous assurant qu’il comprend bien l’importance de consommer uniquement la nourriture que vous avez préparée pour lui. Il doit aussi savoir reconnaître les aliments qui sont dangereux pour lui. Vous devez le sensibiliser sur la nécessité d’aviser son enseignant ou tout autre membre du personnel s’il ressent des symptômes d’allergie.
• Assurez-vous de prendre ­rendez-vous avec la direction de l’école et le service de garde, avant le commencement des classes, afin d’aborder la situation qui concerne votre enfant.
• Lors des inscriptions, informez le personnel de la condition de santé de votre enfant.
• Informez-vous sur les mesures mises en place par l’établissement scolaire en ce qui concerne la gestion des allergies. Par exemple, demandez où sont entreposés les ­auto-injecteurs d’adrénaline (si l’enfant ne porte pas encore son ­auto-injecteur à la taille ou si vous souhaitez laisser une deuxième dose sur place). Fournissez à l’école une fiche d’identification avec un plan d’urgence signé par le médecin de votre enfant. Ce plan devrait indiquer les allergies de votre enfant ainsi que la marche à suivre en cas de réaction. Cette fiche devrait aussi inclure la photo de votre enfant ainsi que les numéros d’urgence pour vous contacter au besoin.

Lors de la rentrée scolaire
• Organisez une rencontre avec l’enseignant de votre enfant pour l’informer de la situation. Si vous êtes à l’aise, vous  pourriez lui apporter un ­auto-injecteur périmé ainsi qu’un agrume afin de lui faire pratiquer l’injection. Le fait de poser ce geste une première fois, alors qu’il s’agit d’une situation non urgente, peut être rassurant pour certaines personnes. En plus d’apprendre à reconnaître les signes et les symptômes d’une réaction allergique grave, l’enseignant saura, grâce à cet exercice, comment traiter une éventuelle réaction.
• Le professeur qui enseigne au premier cycle doit redoubler de prudence, notamment lors de la collation, pour s’assurer qu’il n’y a pas d’éclaboussures ou d’échanges d’aliments entre les enfants.
• Parlez avec l’enseignant de l’importance de vous informer des activités scolaires spéciales (anniversaires, journées thématiques, sorties à l’extérieur) afin que vous puissiez toujours prévoir une collation ou une récompense compensatoire pour votre enfant.
• Dans certaines institutions, on offre à l’enfant allergique un moment afin qu’il puisse expliquer sa situation aux autres élèves. Demandez à votre enfant s’il pourrait être à l’aise avec une telle présentation et, au besoin, ­fournissez-lui un livre d’histoire expliquant les allergies alimentaires. On en retrouve ­quelques-uns dans les librairies.
• L’âge scolaire est généralement un bon moment pour que l’enfant commence à porter sur ­lui-même son ­auto-injecteur. Il existe plusieurs étuis conçus à cet effet sur le marché. Porter un bracelet d’identification des allergènes est aussi fortement recommandé.
• Assurez-vous aussi de fournir au personnel scolaire un deuxième ­auto-injecteur, qui sera entreposé dans un endroit accessible en tout temps, comme au secrétariat ou dans le bureau des professeurs.
• Notez la date d’expiration des ­auto-injecteurs, afin de les remplacer au bon moment.
• Fournissez un napperon à votre enfant, pour vous assurer qu’il mange sur une surface propre, ainsi qu’un thermos (les ­micro-ondes peuvent être une source de contamination).

Enfin, n’oubliez pas de faire confiance à votre enfant. En lui offrant des outils assurant sa propre sécurité, vous lui fournirez des bases solides pour la vie.

Vrai ou faux ?

1- L’odeur d’un aliment peut déclencher une réaction allergique
­FAUX, mais…
­Une réaction allergique peut être causée par les particules en suspension dans l’air. C’est en inhalant ces particules que la personne pourrait avoir une réaction allergique. Lors de la cuisson d’un poisson dans une poêle, par exemple, des particules peuvent se dégager, être inhalées et causer une réaction allergique.

2- Lorsque la réaction semble faible, on devrait commencer par administrer un antihistaminique
­FAUX
­On doit plutôt observer l’évolution de la réaction, sans administrer de médicament. Les antihistaminiques peuvent soulager les symptômes cutanés, mais pourraient retarder l’utilisation de l’adrénaline, qui est la médication de première ligne lors d’une réaction allergique grave. En cas de réaction allergique grave, un seul médicament devrait être utilisé : l’­auto-injecteur d’adrénaline connu sous le nom d’EpiPenMD.

3- Les lingettes désinfectantes sont ce qu’il y a de plus efficace pour retirer toute particule allergène sur une surface
­FAUX
­La meilleure solution désinfectante est un mélange d’eau tiède et de savon.

4- N’importe qui peut administrer des soins à l’aide d’un auto-injecteur d’adrénaline lorsqu’il est témoin d’une réaction allergique
­VRAI
­Depuis 2013, lorsqu’on est témoin d’une réaction allergique, il n’est plus nécessaire d’avoir reçu une formation afin d’administrer la dose contenue dans un ­auto-injecteur. Il est impératif de composer le 911 et d’assurer le transport de la personne vers l’hôpital après avoir administré l’adrénaline.

5- Je suis allergique aux arachides, donc je dois éviter toutes les légumineuses
­FAUX
­Bien que l’arachide fasse partie de la famille des légumineuses, plusieurs personnes allergiques aux arachides ne sont pas allergiques aux légumineuses.

6- Le matériel utilisé pour faire certains bricolages peut contenir des allergènes
­VRAI
­La plupart des pâtes à modeler contiennent du blé. Les boîtes à œufs qu’on utilise comme petits contenants à peinture ne sont pas sécuritaires pour un enfant allergique aux œufs. Les mélanges de grains destinés aux oiseaux peuvent contenir des noix ou des arachides.

7- Les allergies alimentaires sont des réactions psychosomatiques
­FAUX
­Une réaction allergique est déclenchée par le système immunitaire de la personne. D’ailleurs, il est possible d’identifier les allergènes causant l’allergie par des tests physiques, cutanés ou sanguins.

8- Une réaction allergique n’est pas toujours instantanée
­VRAI
­Bien que la plupart des réactions allergiques se manifestent dans les minutes suivant l’exposition à l’allergène, il est possible qu’une réaction tardive se développe dans les 24 à 48 heures suivant l’ingestion.

9- L’allergie alimentaire est présente dès la première exposition à l’aliment allergène
­FAUX
­Certaines allergies se développent après plusieurs contacts avec l’allergène.

10- Embrasser une personne qui a consommé un produit allergène peut causer une réaction allergique
­VRAI
­On suggère à la personne qui a consommé un aliment allergène de se brosser les dents et d’attendre quatre heures avant d’embrasser une personne allergique.

DOMINIQUE SEIGNEUR
Directrice des communications, Allergies Québec

www.allergiesquebec.ca • Facebook:  Associationquebecoisedesallergiesalimentaires

Allergies Québec est un organisme à but non lucratif qui a été fondé en 1990. L’association vise à améliorer la qualité de vie et la sécurité de ceux qui doivent composer avec des allergies alimentaires. Elle est le seul centre de référence au Québec pour les allergies alimentaires et regroupe des allergologues, des nutritionnistes, des pharmaciens, des institutions — écoles, garderies, hôpitaux — ainsi que des entreprises du secteur de l’alimentation. Vous trouverez beaucoup d’information sur ses domaines d’activités en visitant son site.

Par ­Dominique ­Seigneur

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