Ces besoins cachés qui me hantent

Pendant les vacances, nous sommes allés au zoo de ­Toronto, mon conjoint, ma fille de 2 ans et demi et moi. En bref, j’ai chialé tout le long : « ­Il fait chaud, c’est trop loin entre les animaux, j’ai mal aux pieds, j’ai faim, je veux prendre le p’tit train, y a trop de béton, oh les pauvres animaux en cage ! » ­Well, mon chum était tanné de m’entendre, et j’ai réalisé que je n’avais pas dû être un super exemple pour ma fille, qui répète tout au moment où on s’y attend le moins !

Sur la route du retour à la maison, j’ai eu bien du temps pour réfléchir à ce qui c’était passé, et j’en suis venue à quelques équations anecdotiques que je vous partage.

Besoins non satisfaits + chialage = Je me sens mieux
Avec le recul, j’ai compris que mon vrai de vrai besoin était que mon chum m’écoute, m’entende et connecte avec moi. Je sentais qu’il s’était donné pour mission de voir tous les animaux à une vitesse folle et je ne me sentais pas exister dans tout ça. Je voulais être vue, entendue, donc j’ai chialé ma vie, et il a fini par m’entendre !

Un besoin non satisfait peut aussi être un besoin non exprimé, un besoin non reconnu ou non conscientisé, ou encore un besoin exprimé mais non entendu ! ­Peu importe, le dérangeant résultat demeure le même.

Vous en avez, des besoins cachés de la sorte ? ­Des besoins non assouvis sur le moment, parce qu’ils sont trop difficiles à exprimer ou à déterrer de l’inconscient ?

Bien que ça puisse paraître cliché, lors de mes rencontres avec mes clientes en coaching, je me rends compte que les besoins sont particulièrement enfouis chez les femmes. On est tellement habituées de penser aux enfants et aux autres qu’on oublie nos propres besoins, ce qui engendre bien des frustrations au quotidien.

Besoins satisfaits ou non satisfaits = Émotions
Dernièrement, ­est-ce que des émotions vous ont dérangée ? ­Chaque émotion est le drapeau rouge d’un besoin satisfait ou non satisfait. Généralement, on ne remarque pas tellement les émotions « positives » qui sont associées à un besoin satisfait, mais ô que l’on remarque l’inverse !
• J’ai très faim ou je suis fatiguée = ­Je deviens impatiente ou bourrue.
• Je manque de temps = ­Je me sens dépassée ou anxieuse.

Les émotions, c’est ce qui « paraît », alors que les besoins sont souvent « cachés ».

Ce que je remarque, c’est que, peu importe le besoin non satisfait, au lieu de nous l’exprimer clairement à ­nous-même ou aux autres, nous avons tendance à faire des détours surprenants pour les assouvir sournoisement, les éviter ou les atténuer. Comme si on n’avait pas raison de ressentir un besoin (probablement en raison de croyances limitantes). Nous développons, avec les années, des mécanismes de « remplissage » qui fonctionnent bien pour nous. Soit on chiale — un peu comme dans mon exemple du zoo —, soit on s’isole, on boude, on exprime nos émotions fortement ou on juge les autres qui ont des besoins similaires, etc. Right ?

Remplir ses besoins
Imaginons que nous avons un vase de besoins à remplir pour nous sentir bien. Chaque fleur qu’on y place représente un besoin satisfait. Plus le bouquet est gros, plus notre sentiment général face à la vie est positif.

Il existe plusieurs besoins à satisfaire, tous différents les uns des autres, donc plusieurs types de fleurs à cueillir. Ouais, ça prend littéralement un jardin de fleurs ! ­Je réalise, avec le temps, que je ne peux pas utiliser une seule méthode pour combler tous mes besoins, ­ceux-ci étant nombreux et uniques.

Par exemple, mon besoin de connexion avec les gens, je le satisfais majoritairement avec mes copines ou pendant mes sessions de coaching individuel avec mes clientes engagées. Ça me remplit magnifiquement. Mes besoins maternel, d’affection et de jeu sont très bien remplis au contact de ma fille. Mon besoin de créer dans le quotidien, ici et maintenant, ainsi que mon besoin de reconnaissance sont comblés grâce à mon téléphone intelligent et mon compte ­Instagram !

Écouter ses besoins profonds peut toutefois faire peur. Et si j’étais trop « demandante » ? ­Je ne voudrais pas être perçue comme une « princesse » ! ­Mes besoins ne sont pas si importants quand je les compare à ceux de mes enfants… ­Euh !

Une femme (ou un homme, bien sûr !) qui ne comble pas ses besoins quotidiennement est comme un ballon de plage que l’on tente d’enfoncer dans l’eau. Plus on le tient enfoncé profondément, plus il ressortira avec puissance et éclaboussera à sa sortie ! ­Les besoins évités ou ignorés ressortent fortement et dramatiquement après un certain temps et lors des périodes de stress (ou en période de syndrome prémenstruel). Ouch !

Petit exercice

Dans un tableau de trois colonnes, dressez la liste des émotions qui vous dérangent ces ­temps-ci et retracez les besoins qui y sont directement liés. Tentez de bien creuser pour trouver le vrai besoin caché. Puis, dans la dernière colonne, ­associez-y les méthodes ou les actions que vous pourriez utiliser pour remplir ces besoins.
• Émotions
• Besoins associés
• Actions pour remplir les besoins

Après avoir fait l’exercice, ­interrogez-vous 
• Comment vous ­sentez-vous ?
• Ces actions ­sont-elles réalisables ?
• Quelles sont vos ressources pour y arriver ?
• Avez-vous besoin d’aide ?

Certains besoins sont plus faciles à remplir que d’autres, particulièrement en ­Amérique du ­Nord, où nous avons beaucoup de chance. La pyramide de ­Maslow nous le rappelle bien.

Identifier tous nos besoins est important. Nos besoins constituent des portes d’accès au bonheur. Ils sont des sources d’information riches à différents égards, nous permettant d’assembler un magnifique bouquet de fleurs bien coloré et garni. Ils sont la source de notre épanouissement.

Et vous vous demandez ­peut-être comment s’est terminée notre escapade au zoo ? ­Eh bien ! N’imaginez pas de miracle. En arrivant à la maison, je me suis assise à mon bureau et j’ai dressé la liste de mes besoins qui n’avaient pas été comblés au zoo, et je l’ai remise à mon chum. Il l’a lue. Bon. Puis il a continué à regarder son émission de télé sans un mot ! ­Je n’ai pas eu de rétroaction, mais je me suis sentie « lue » et je sais que ça fera son chemin de son côté… ­Je ne peux pas m’attendre à ce qu’il me saute au cou et qu’il me remercie de cette prise de conscience, alors que, de mon côté, j’arrive nouvellement à reconnaître mes besoins et que j’utilise soudainement un nouveau vocabulaire avec lui. Right ? ­En fin de compte, je dirais que l’important, c’est de faire le travail d’abord pour ­soi-même, de s’entendre ­soi-même et de se reconnaître ­soi-même. Le reste suivra !

NATHALIE LAUZON
Coach, consultante, artiste et auteure

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Par Nathalie Lauzon

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