La sagesse

Comme tous les enfants, je suppose, il raconte ce qui fait de la peine, ce qui fait peur, ce qui inquiète et déstabilise en premier.

Je me répète d’être patient depuis qu’ils sont nés. D’être assez patient pour que tous mes rêves d’avoir des enfants qui seront « quelqu’un » dans la vie se réalisent. D’avoir la patience d’attendre les signes me prouvant que c’est vrai qu’il fallait être patient. J’ai souvent parlé de temps… eh bien, j’ai finalement eu ce signe !

L’autre soir, ­Zakk est revenu d’une fin de semaine de camping avec son ami et le père de ­celui-ci. Deux personnes qu’il connaît juste assez pour partir en ­
week-end avec eux. Une fois qu’il est rentré à la maison, j’ai compris que c’était clair que ça n’avait pas été la fin de semaine de sa vie. Habituellement, il s’empresse de parler tout de suite de tous les mauvais côtés de la vie, des gens, des activités qu’il vient de vivre. Il a un petit côté victime presque quotidien. Un certain plaisir à raconter le pire du pire et à se positionner du côté de ceux qui le subissent.

Zakk est un garçon heureux dans la vie de tous les jours. Mais, avant cette expérience, il avait, disons, une facilité à ne pas raconter le beau et le plaisant tout de suite. Car, comme tous les enfants, je suppose, il raconte ce qui fait de la peine, ce qui fait peur, ce qui inquiète et déstabilise en premier. Les enfants semblent s’attarder aux émotions qu’ils ne savent pas trop comment gérer lorsqu’ils sont seuls (et à ce sujet, je connais bon nombre d’adultes qui sont, et restent volontairement, dans la
même situation).

Mais ce ­soir-là, il utilisa une expression qui nous indiqua que la patience est un beau cadeau qui nous est offert à nous, les parents « ­jeunes-et-­toujours-trop-impatients » même si je ne suis pas son père « bio et légal », je vis les petits gains avec autant de bonheur que le parent dit « naturel ». À la question : « ­Comment a été ton ­week-end de camping ? », il a répondu ce que nous avions perçu facilement, nous, les parents,
c’­est-à-dire que ça n’avait pas été un grand moment. Mais ce ­soir-là... un petit changement positif est apparu dans son langage.

Plutôt que de se ranger du coté obscur de la force, il a pris une petite pause et a dit simplement : « ­Vous savez, ce n’est pas ce que je m’attendais ! »

Wow ! ­Pas de plaintes lourdes et un peu trop bébé (du point de vue du papa). Pas de : « C’tait plate ». Non ! ­Il a utilisé une phrase qui le rangeait désormais du côté des enfants qui entrent dans le monde des nuances émotives. Bien sûr, nous avions vu juste. Ce n’était pas le plus beau moment de sa vie. Mais ce ­soir-là, c’était raconté avec tellement de nuances et de respect que je ne pus m’empêcher de le voir grandir « live ». Il avait pris un petit pouce de plus dans l’échelle des enfants qui prennent possession de la vie. Ce fut un autre petit gain qui me fit comprendre encore et encore qu’il faut tellement être patient lorsqu’on est dans ce rôle phare de guide et
de mentor !

Bravo, petit ! ­Tu te ranges tranquillement du côté de la sagesse. Tu te prouves que le monde n’est pas toujours comme on s’y attendait et qu’on n’a pas à le subir sans cesse. C’est si fragile tout cela, et toi, tu viens de te solidifier.

MARTIN LAROCQUE
Conférencier et auteur du livre Quand t'éduques, éduque.

Papa blogueur Nanny secours
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Par Martin Larocque

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