L'accouchement et la suite

Il y a tout juste quelques jours que vous venez d’accoucher, et vous vous réjouissez maintenant d’être de retour à la maison avec votre bébé tout neuf. Enfin chez vous ! ­De la visite s’annonce pour admirer votre petit ­chef-d’œuvre. « C’est parfait, vous ­dites-vous, ils pourront s’occuper du petit pendant que je me lancerai dans de petites tâches essentielles, question de reprendre le temps perdu. Enfin, je pourrai faire autre chose et bouger un peu ! » 

Les neuf mois précédant votre accouchement n’ont pas été des mois de fainéantise, bien au contraire : vous avez « fabriqué » ce que la vie offre de plus beau, un bébé. Vous n’imaginez pas tous les changements que votre corps a subis pour permettre à la vie de prendre forme.

Ça semble plus évident de faire attention pendant la grossesse parce que vous sentez ce « petit quelque chose » grandir doucement en vous, mais ce n’est pas parce que vous venez d’accoucher que vous pouvez vous permettre de tout faire dans la même semaine. L’accouchement n’est pas la fin de l’histoire, bien au contraire. Votre corps demande encore du temps pour s’en remettre. Même si vous pensez être débordante d’énergie, il ne vous sert à rien de défier vos capacités. Revenons à la base.

Les « relevailles »
Nos ­grands-mères parlaient de « relevailles ». C’était une période de 40 jours pendant laquelle tout un réseau d’aide se mettait en place. Pendant que le « village » s’occupait du ­nouveau-né, la nouvelle maman bénéficiait de ce temps de repos pour prendre soin d’elle.

En prenant quelques minutes pour y réfléchir, le concept était très physiologique. En effet, les organes ont besoin de temps pour reprendre leur forme et leur place initiale. Pensez à l’utérus, qui aura atteint de 15 à 20 fois son poids, aux ligaments utérins, qui se seront étirés de façon incroyable et aux autres organes refoulés aux alentours. Les changements opérés en neuf mois ne reviennent pas à leur stade initial immédiatement
après l’accouchement.

De nos jours, les nouvelles mamans peuvent se mettre beaucoup de pression pour retrouver rapidement le corps qu’elles avaient avant. Mais les séances d’entraînement pour la remise en forme ne sont ­peut-être pas la meilleure chose dont votre corps a besoin en ce moment. Les tissus, qui ont été énormément étirés pendant la grossesse, n’offrent plus le soutien nécessaire aux organes, qui ont été fortement repoussés par le volume de l’utérus. Par exemple, l’apparition d’incontinence urinaire à la suite d’une grossesse peut en être une conséquence.

Dans le meilleur des mondes, la priorité pour la mère devrait être de se consacrer à elle et à son bébé, car lui aussi aura ses exigences. Donc prendre un temps d’arrêt, en plus de refaire le plein d’énergie, permet à la maman comme au bébé de faire connaissance, de s’apprivoiser mutuellement, de créer un cocon sécurisant et apaisant pour l’enfant, tout en permettant au corps de la mère de se remettre de tous ces changements vécus durant la grossesse.

­Permettez-vous des siestes autant que vous le jugerez nécessaire, au même rythme que le bébé. La fatigue est le signal que le corps vous envoie pour vous indiquer que vous avez besoin de sommeil. Une hormone est libérée après l’allaitement pour augmenter l’intensité de fatigue et ainsi inciter la mère à se reposer. Et si vous n’allaitez pas, sachez que ce moment de repos est quand même nécessaire, même si le corps ne vous envoie pas ce message.

De la visite se présente. Parfait, ils pourront cuisiner, faire une lessive pendant que vous resterez couchée ou assise sans trop d’efforts. N’oubliez pas qu’après l’accouchement, l’utérus pèse encore au moins un kilo. Évitez de forcer ou de rester trop longtemps debout. La période de transition entre l’accouchement et un retour à l’équilibre d’avant la grossesse peut durer de six semaines à trois mois.

Et l’ostéopathie dans tout ça…
L’ostéopathie peut très certainement être intégrée dans cette période d’arrêt et peut vous aider à reprendre tranquillement le contrôle de votre corps. D’ailleurs, de plus en plus de futures mamans se font traiter durant leur grossesse. L’­après-accouchement n’est ni plus ni moins que la continuité. L’organisme a une grande capacité d’adaptation aux changements provoqués par la grossesse. En ostéopathie, ce sont les barrières qui se sont érigées durant ce processus que nous enlevons pour permettre au corps de s’ajuster et de mieux récupérer.

Comme il a été mentionné précédemment, ce sont tous les organes de l’abdomen qui ont été repoussés au fur et à mesure de l’augmentation du volume utérin. L’ostéopathie verra à s’assurer du bon fonctionnement et de la remise en mouvement du foie, de l’estomac, des reins, des intestins et des poumons, qui ont été compressés pendant ces neuf mois.

Le relâchement et la liberté de mouvement du diaphragme thoracique ainsi que le tonus du plancher pelvien, considéré comme un diaphragme en ostéopathie, seront également évalués et traités durant les rencontres. ­Ceux-ci auront été fortement sollicités durant la grossesse et l’accouchement. En travaillant les diaphragmes, l’ostéopathe rééquilibre la pression entre le thorax, l’abdomen et la sphère crânienne. C’est tout le système circulatoire qui en bénéficiera. L’ostéopathie peut aider à favoriser le retour de l’équilibre hormonal et à rétablir le processus du sommeil ainsi que l’énergie générale.

Quelques organismes offrent leurs services aux mamans avant et après l’accouchement. Vous trouverez leurs coordonnées sur le site d’Ostéopathie ­Québec, en parlant avec votre médecin, infirmière ou ­sage-femme, ou encore en vous informant auprès de votre ­CLSC.

N’hésitez pas à demander de l’aide si vous êtes seule pendant cette étape importante. En conclusion, ­donnez-vous du temps et, si l’occasion se présente, osez vous laisser dorloter. La transition sera plus facile et la pente, plus douce à remonter.

SUZIE DESJARDINS, D.O.
Ostéopathe clinicienne
Clinique Inspiration, Laval

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Par Suzie Desjardins

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