La naissance d'une mère, les rituels pour célébrer la maternité

De plus en plus pratiqués et connus en ­Amérique du ­Nord, les rituels honorent le corps de la femme à l’aide de soins inspirés des traditions de l’Inde, du ­Mexique, du ­Maroc, de la Chine et de la ­Malaisie.

Véritables baumes pour l’âme de la nouvelle mère, alors que le chaos intérieur est à son apogée, ces rituels permettent à la maman de s’ancrer pour connecter pleinement avec son bébé. Les charges émotives libérées lors de ces rencontres sont immenses, et en même temps, excessivement bénéfiques. Ces cérémonies sont l’occasion d’arrêter le temps, de ressentir et d’apprécier. Elles facilitent en douceur le passage vers la maternité, qui peut parfois être tumultueux.

La crise d’identité de la maternité et l’importance de prendre soin de soi
Pendant la grossesse, la mère est le centre d’attention de tous (parfois même de gens qu’elle croise et qu’elle ne connaît pas). Du jour au lendemain, cette attention est consacrée presque entièrement au bébé. Bien que cela soit souvent inconscient, beaucoup de mères ont de la difficulté à vivre cette transition. Les premiers temps sont tellement éprouvants pour les mères, physiquement et mentalement, qu’elles ne prennent pas forcément le temps d’analyser leurs sentiments et leurs comportements. Certaines s’épuisent et n’écoutent pas les signaux d’alarme que leur envoie leur corps, car pour la nouvelle maman, le ­bien-être de bébé est nettement plus important que le sien ! ­Toutefois, il est important de se rappeler cette maxime : maman heureuse, bébé heureux !

Voici donc quelques exemples de pratiques rituelles qui peuvent aider la maman à trouver ce doux équilibre. 

Le Blessingway (prénatal)
Cette cérémonie célébrée à la fin de la grossesse et qui vise à souligner le passage vers la maternité signifie : « ­Chemin de bénédiction ». Inspirée de la tradition des ­Navajos, un peuple amérindien d’Amérique du ­Nord, elle rassemble les femmes dans la vie de la future mère afin de la célébrer et d’honorer son nouveau rôle par des soins, des rituels et des partages. Cette assemblée féminine, dont les membres sont choisis préalablement par la mère ­elle-même, lui offre amitié, soutien et présence pour la fin de la grossesse. L’événement est bien sûr modulé en fonctions des besoins, envies et convictions de la future mère, qui est célébrée. Les activités peuvent être variées : c’est le moment d’être créatives !

Autour du placenta
Le placenta est un magnifique organe qui remplit de nombreuses fonctions, dont celle de fournir nourriture, sang et oxygène au fœtus. Il sert à éliminer les déchets qui se retrouvent dans le sang du bébé et à les envoyer dans le sang de la mère, qui se chargera de les éliminer. Il agit également comme une barrière entre la mère et le fœtus, en filtrant, en partie, les médicaments et les virus. Dans la culture occidentale, il est généralement traité comme un déchet biomédical après la naissance. Mais nous reconnaissons, de plus en plus, l’utilité du placenta dans la période postnatale, que ce soit du point de vue du rituel (bienfait spirituel) ou de celui de la consommation
(bienfait physique).

Voici quelques rituels ou usages du placenta que l’on peut faire durant la période postnatale : 

Le clampage tardif du cordon ombilical
On croit à tort que, après deux minutes, il est inutile de laisser le placenta relié au bébé. Pourtant, le cordon continue souvent de pulser bien ­au-delà de deux minutes. Le cordon se vide doucement de son sang, de ses nutriments et de ses cellules souches entre le moment où le placenta est expulsé et les 10 premières minutes qui suivent. Couper le cordon prématurément prive donc le bébé du sang et de l’oxygène contenus dans le placenta et le cordon. Il est certain qu’en cas de problématique à la naissance, le clampage ne peut pas toujours être pratiqué mais, dans la majorité des cas, le clampage tardif est possible et bénéfique ! ­Il serait alors important d’attendre quelques minutes supplémentaires pour laisser la chance au bébé de profiter de tous ses bienfaits.

L’enterrement du placenta
Certaines personnes choisissent d’enterrer leur placenta dans le jardin. Un arbre peut aussi être planté au même endroit. Enterrer son placenta est un rituel pratiqué par de nombreuses cultures, dont les ­Maoris en ­Nouvelle-Zélande, pour honorer le lien avec la ­Terre-Mère.

L’empreinte du placenta
Il est aussi possible de faire une empreinte du placenta sur du papier aquarelle directement avec le sang du placenta ou avec de la peinture appliquée dessus. Cela laissera sur le carton une belle empreinte de l’arbre de vie qui a nourri votre bébé pendant neuf mois. Plusieurs décident d’exposer cette empreinte pour décorer la chambre de l’enfant et ainsi conserver un souvenir de la grossesse.

La consommation du placenta
On peut également consommer le placenta. C’est ce que choisissent de faire plusieurs femmes après l’accouchement. On dit que la consommation du placenta pourrait aider à rétablir les taux de fer et d’hormones, à réduire les saignements ­post-accouchement, à améliorer la production de lait et à faciliter la guérison générale de la mère.

­Parmi les méthodes les plus répandues, on retrouve l’encapsulation du placenta. L’organe est nettoyé à l’eau, légèrement cuit à la vapeur, tranché finement et déshydraté avant d’être broyé en poudre et mis dans des capsules, qui pourront alors être consommées par la mère comme des suppléments.

Cérémonie de réappropriation de la naissance
Cette cérémonie est réalisée à la suite d’une expérience insatisfaisante ou traumatisante pour la mère pendant l’accouchement (multiples interventions, césarienne, expérience loin de ce que la mère avait imaginé, etc.) et elle sera bien souvent accomplie par une doula postnatale. La mère est d’abord encouragée à exprimer et à verbaliser librement toutes ses pensées en lien avec son accouchement. Ensuite, un bain est préparé avec des herbes et des fleurs. L’ambiance doit être feutrée et réconfortante. La mère s’allonge dans le bain et est invitée à revivre les étapes de son accouchement. Après avoir connecté quelques instants avec ­elle-même, son bébé lui est amené doucement dans les bras. Le peau à peau entre la mère et l’enfant dans l’eau chaude, l’ambiance rassurante et le « bilan » qui aura été fait préalablement viendront sceller l’expérience négative que la mère a vécue lors de l’accouchement. Cette cérémonie est guidée soit par une ­sage-femme, une accompagnante, une sœur ou une amie, mais quelqu’un d’assez solide pour être présent le temps dont aura besoin la mère pour passer au travers du processus.

Cérémonie de fermeture (postnatale)
En honorant le passage de femme à mère, on permet à la nouvelle maman une transition énergétique, corporelle et spirituelle vers la maternité. On laisse l’espace nécessaire à la maman pour raconter son expérience à propos de son accouchement, et plusieurs rituels sont mis en place jusqu’à la cérémonie finale, lors de laquelle la maman est réchauffée avec des baluchons chauds de riz et de lavande, puis elle est enveloppée dans de beaux tissus et massée par les femmes qui font partie dea sa vie. C’est une magnifique occasion de boucler la boucle.

Il existe évidemment des tonnes d’autres pratiques rituelles pour célébrer la maternité. ­Allez-y selon vos croyances, vos envies et vos besoins, afin d’insuffler encore plus de sacré à cette expérience unique et incroyable qu’est l’acte de donner la vie !

CAMILLE LAPERIE
Doula postnatale
Maternité Sacrée

www.maternitesacree.ca  •  Facebook : maternitesacree

Camille est doula postnatale spécialisée en ayurvéda, à Montréal. Elle accompagne les nouvelles mères durant la période postnatale afin qu’elles puissent profiter pleinement de la magie des premiers instants!

Par Camille Laperie

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