Un arrêt de travail, mon cadeau de noël

Une copine est venue me rendre visite dernièrement. Comme on ne s’était pas parlé depuis quelque temps, on s’est donné les dernières nouvelles… « ­En tout cas, ­Nat, quand on te regarde aller sur les réseaux sociaux, ta vie semble parfaite ! » ­Ce à quoi j’ai répondu : ­Ah oui, hein ? ­Hmm ! ­Comment dire… ­Je suis en arrêt de travail depuis trois mois. »

Ouais. Ça m’a pris tout ce temps avant de le dire officiellement, car je ne savais pas comment le faire et parce que je devais le vivre pour mieux en parler ensuite. Je ressens un stress dans mon ventre en écrivant. Je me lance…

­Faire deux heures et demie de route par jour pour me rendre à un emploi qui ne me rend plus heureuse ne me convient plus. Au départ, à la retraite de mon patron, j’ai réalisé que plus rien ne me retenait dans cet emploi. J’aimais beaucoup cette personne, et nos discussions m’aidaient à passer à travers les journées épuisantes. Deux semaines avant qu’il quitte, j’ai craqué.

­Mon corps, mon esprit et mon cœur n’ont pas pu se lever ce ­matin-là. Épuisée. Épuisée. ÉPUISÉE. Épuisée physiquement, moralement et émotionnellement. Épuisée de me battre pour être une femme que je ne suis pas et que je ne veux plus être. Épuisée d’être l’artiste dans une mer de cérébraux. Épuisée de justifier mes façons d’être et de penser. Épuisée de ne pas m’exprimer comme tout le monde. Épuisée. J’ai craqué. Je l’écris et j’ai les yeux pleins d’eau.

L’après
Depuis que je suis en arrêt, je dors, je coache, je pense à ma vie. Je monte mon entreprise pas à pas et je dors encore.

Avec mon conjoint, c’est loin d’être simple : nous avons le même employeur. Mon partenaire de vie est très loyal, et quand il me voit ainsi, c’est difficile pour lui. Aussi, nos langages sont ultra différents. Nous sommes devenus des « parents responsables » depuis la venue de notre magnifique fille, il y a presque trois ans, et nous nous parlons en ­parents-enfants. Pour ceux qui connaissent l’analyse transactionnelle, nous avons oublié de nous parler en adultes, et notre relation s’effrite. Nous sommes présentement en train de faire des exercices de coaching en communication non violente, chacun de notre côté, et nous irons faire une facilitation de discussion bientôt. Nous allons aborder notre ­mission-vision de couple et de famille. Nous discuterons de projets futurs. À suivre…

­Je vis actuellement avec moins du quart de mon salaire annuel et je me propose comme défi de m’amuser avec cette nouvelle situation. L’année dernière, j’ai gagné plus de 100 000 $, et ce fut une très grande fierté pour la femme de 40 ans que je suis. J’avais appelé ma mère en sortant de chez le comptable avec mon rapport d’impôts dans les mains et je pleurais. Moi qui ai et ai toujours eu de grands défis à relever face à ma « valeur », je venais de me prouver que je « valais » quelque chose, selon ce critère de société. Well, well, quelques jours après, je retombais de mon nuage et je réalisais à quel point j’étais malheureuse dans mon emploi… et que de gagner dans les six chiffres me permettait surtout de dépenser davantage pour combler mon énorme vide et ce manque de sens profond que je ressentais de 9 heures à 5 heures ! « ­Le 100 000 $ le plus vide au monde ! » ­La réflexion quant au besoin de faire autant d’argent avait débuté et se poursuit encore. Et ma qualité de vie, elle ?

­Et sinon, je vis à la campagne, dans une magnifique maison que j’ai achetée ­moi-même avant d’être en couple avec mon chum. Il n’aime pas particulièrement ma maison… ­Pour lui, tout est mal positionné, et ce n’est pas adapté à la vie de famille. (Bon, c’est une ancienne école primaire anglophone de 1880 rénovée en maison ! ­Super charme et super énergie, mais, en effet, l’espace commence à être restreint.) ­Elle a un acre de terrain, rempli de fleurs, et à la fin de l’été, nous sommes littéralement dans la jungle. Nous sommes envahis. Mon chum est devenu le jardinier avec les années, mais je me sens tout de même constamment dépassée par l’ampleur du travail. J’aime mes jardins, mais ça m’amène beaucoup d’anxiété. Vivement la neige pour une pause d’entretien.

L’anxiété m’empêche aussi de sortir dehors à l’occasion. La dépression juste avant mes menstruations, j’en souffre depuis plus de 20 ans. J’ai mis en place des dizaines d’outils de résilience pour me remonter et réussir à passer à travers passer à travers chaque mois, qui se suivent et se ressemblent souvent. Depuis que je suis en arrêt de travail, j’ai d’ailleurs beaucoup moins de symptômes. R’garde donc ça ! ­Comme j’ai un antécédent médical de caillot de sang, je ne peux prendre aucune hormone pour réguler mon humeur. Un défi de la vie !

La relation avec mes parents et mon frère n’est pas toujours facile, non plus. Nous avons évolué dans un environnement où l’expression et l’affirmation des émotions n’étaient pas nécessairement une chose courante ou bienvenue… comme dans beaucoup de familles malheureusement. Alors, quand il y a un ­trop-plein d’émotions, ça sort tout croche. Toute ma famille a cette blessure, et nous tentons de communiquer du mieux que nous le pouvons. La colère est en dessous d’un peu tout, et quand il y a trop d’attentes ou de refoulements, ça clashe, ça pète... puis, on revient, on évite ou on s’excuse un peu.

Bon, fak, c’était mon petit exposé pour celles qui pensaient que ma vie était parfaite…

Devenir qui je suis
Derrière mon grand sourire, je vis avec des démons intérieurs depuis toujours et je fais preuve de résilience, c’est ça. Je tombe souvent. Je retombe. Je me relève. Je continue. Je me questionne sur mon avenir. Je réfléchis.Je trouve des réponses. Je dors. Cette pause m’aide à me retrouver et à découvrir à quel point j’adore le coaching et à réaliser que mes défis de vie sont de précieux alliés pour mieux coacher et accompagner les femmes qui vivent des choses similaires aux miennes, ou pas. Le coaching est un outil d’accompagnement : c’est comme si l’accompagnateur vous prenait par la main ou par le bras et que vous traversiez ensemble l’obstacle. Ça fait tellement du bien. J’ai aussi un énorme besoin de me sentir entendue et écoutée et, en coachant, je me suis donné le défi d’offrir cette écoute précieuse à mes clientes. Silence ! ­Oui, ce silence quand on finit de parler. Celui qui gêne et qui fait aussi tellement de bien. Qui réconforte.

Voilà !

Vous comprendrez que je ne raconte pas tout cela pour faire pitié, mais pour prouver qu’on a tous une vie exigeante et pleine de défis. Peu importe notre métier, il faut trouver des moyens pour nous aider ­nous-même, pour prendre soin de notre santé mentale et physique, et pour nous aider entre nous, right ? ­Autant se dire les vraies affaires.

Qu’est-ce qui m’attend ?
Je ne sais pas. J’ai des offres, des idées. Du temps pour ma famille. Du temps pour continuer de développer mon entreprise de ­coaching-consultation et ­peut-être pour écrire mon prochain livre. Du temps pour me réaliser. Du temps pour les autres. Du temps pour aider.

Une chose est certaine, toutefois, je réalise, à 40 ans, que je veux être authentique, au cœur de ma vie et, surtout, « que je ne veux plus me faire suer ! »

Vous vivez quelque chose de similaire ? ­Venez jaser avec moi sur les médias sociaux.

NATHALIE LAUZON
Coach, consultante, artiste et auteure

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Par Nathalie Lauzon

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