Mon bébé ne dort pas, suis-je responsable ?

De nombreux parents sont dépassés face au peu de sommeil de leur bébé, d’autant plus si un autre membre de la fratrie a bien dormi dès ses premières semaines de vie, a fait spontanément des nuits de 6 h, qui se sont graduellement allongées toutes seules pour devenir des ­11-12 h, et ce, bien avant son 6e mois !

Que se ­passe-t-il chez les bébés pour qui le sommeil semble être une épreuve, tant pour lui que pour ses parents d’ailleurs ? ­Une chose est certaine : cela génère beaucoup de détresse et de culpabilité dans la famille. Voici le genre de réflexion que ces parents peuvent avoir.

J’ai « brisé » mon bébé !
« ­Nous habitons à ­Laval, nous avons un adorable bébé de 17 mois qui n’a jamais bien dormi, et c’est notre cas à nous aussi depuis plus de 17 mois (incluant les derniers mois de grossesse). Un supplice pour notre couple de marmottes…

Cette situation devient très difficile à supporter, car, bien que nous ayons tout tenté, y compris une consultation chez un psy par téléphone, nous essuyons échec sur échec. Les rythmes de réveil durant la nuit ont beaucoup évolué chez notre bébé depuis sa naissance, et ça continue d’une façon plutôt aléatoire : actuellement, notre petit se réveille systématiquement vers minuit, puis autour de 3 h 15 – 3 h 30 ; il se rendort avec notre intervention, qui peut durer entre 15 min et 2 h… pour les mauvaises nuits.

On se dit au début qu’il est trop petit, puis on pense aux pics de croissance, on suppose que c’est une poussée dentaire, puis l’angoisse de séparation, puis la marche, puis... ça ne s’est jamais arrangé. Pour ma part, je culpabilise, je me demande ce que j’ai manqué ou quelles erreurs j’ai faites avec mon bébé pour qu’il ait autant de difficulté à dormir. ­Ai-je été une maman trop stressée à cause des difficultés d’allaitement que j’ai eues durant le premier mois ; il l’a senti, et ça l’a perturbé ? ­Ai-je été trop émotive à ne pas vouloir qu’il pleure une seule seconde ? ­Est-ce les premiers neuf mois que j’ai passés avec lui, seule à la maison ? ­Est-ce la séparation après mon retour au travail et le stress/culpabilité que j’ai mal géré durant cette période ? ­Est-ce le fait qu’il passe neuf heures par jour à la garderie depuis qu’il a neuf mois ?

Plein de questions, et je ne me reconnais plus dans tout ça, car je n’ai plus de temps pour moi, le papa n’a pas plus de temps pour lui, nous n’avons plus de temps pour notre couple. Et même le temps que nous passons avec notre petit commence à perdre de sa qualité, car nous sommes très fatigués. Pour ma part, je suis physiquement et moralement dans un très mauvais état : je suis irritable, irritée, je crie souvent, plein de petites choses m’énervent, j’ai du mal à gérer mes émotions et je suis en train de devenir nulle au boulot, à la maison... je reproche trop de choses à mon mari, qui souffre aussi fort que moi de cette situation... »

Pourquoi ne dort-il pas alors ?
Si vous vous reconnaissez, sachez, chers parents, que vous n’êtes pas les seuls à vivre ce genre de situation. Un enfant sur deux (incluant les jumeaux et triplés) éprouve de la difficulté à dormir dans la première année de sa vie, et des interventions deviennent nécessaires pour lui permettre de dormir selon ses besoins.

Dormir est pourtant un processus naturel ; que se ­passe-t-il donc chez ces bébés si résistants au sommeil ?

Se ­pourrait-il qu’ils n’aiment tout simplement pas dormir ? ­Se ­pourrait-il que ce soit dans leur personnalité ? ­Se ­pourrait-il que leur désir de ne rien manquer soit intense ? ­Se ­pourrait-il que leurs signes de fatigue soient difficiles à percevoir ?

C’est un peu toutes ces réponses. En aucun cas, il ne s’agit d’un bébé « brisé ». Certains bébés mettent plus de temps et d’efforts à suivre le rythme naturel de leur corps, comme s’endormir et se rendormir, mais tous y arrivent à un moment ou un autre.

Quoi faire ?
Que peuvent faire les parents durant ces étapes de sommeil quasi inexistantes ? ­Faire de leur mieux, bien entendu, pour voir leur enfant arriver à s’endormir et se rendormir. Cependant, vous ne devez pas négliger vos capacités à titre de parents. Le sommeil est une nécessité autant pour les petits que pour les grands. Si vous sentez que vous arrivez à bout de ressources, vous ne devez pas hésiter à trouver de l’aide, une fois que vous avez la certitude, bien entendu, que votre bébé est en santé et que vous avez tout essayé pour le voir faire dodo. Même si dormir est naturel, les bonnes habitudes, quant à elles, se doivent parfois d’être apprises.

Besoin d’aide ?
Voici quelques raisons qui pourront vous motiver à demander conseil à un expert en éducation au sommeil.

1- Pour optimiser son développement
Il est important d’être en forme durant la journée pour collaborer aux différentes activités que vous mettrez en place pour votre enfant.

2- Pour découvrir différentes stratégies afin de favoriser de bonnes habitudes de sommeil
Avoir tout essayé ne signifie pas qu’il n’y a plus d’options. Les difficultés de sommeil ne sont pas une fatalité : il existe toujours une solution.

3- Pour maintenir un état de santé le plus optimal possible
Le système immunitaire fait son travail (détruire bactéries et virus nuisibles au corps) durant le sommeil. Plus l’enfant (l’adulte aussi) a un sommeil de qualité de durée suffisante, meilleure est sa santé.

4- Pour rendre plus harmonieuse la vie familiale
La phrase que j’entends le plus souvent à la suite d’un coaching est : « ­Vous avez sauvé notre vie ! » ­Ce n’est pas banal ! ­En effet, dormir étant à la base de notre qualité de vie, si le sommeil n’est pas au ­rendez-vous, c’est tout le reste qui prend le bord. Un enfant qui pleure la nuit et/ou ne dort pas le jour bouscule la vie de toute la famille. Un enfant joyeux durant ses périodes d’éveil – une des preuves qu’il dort suffisamment – fait la joie des parents et rend la vie familiale beaucoup plus harmonieuse. Pourquoi s’en priver…

Enfin, une dernière raison… ­Et si cela faisait une différence dans la vie de votre enfant et la vôtre ? ­Voici le témoignage d’une famille à ce sujet.

« ­Bonsoir ­Brigitte, je voulais prendre le temps de vous donner des nouvelles après la consultation téléphonique que nous avons eue la semaine dernière. Comme toujours, vous êtes rassurante, empathique et surtout pleine de solutions. Nous avons appliqué vos recommandations le soir même. Le premier soir a été un peu difficile, mais notre petite a dormi toute la nuit, et nous avons dû la réveiller à 6 h 45 pour aller à la garderie. Ce soir (3e soir), notre fille (12 mois) s’est couchée, le sourire aux lèvres. Merci de soutenir les parents qui ont besoin d’une personne externe pour les guider et leur rappeler qu’ils sont de bons parents. Une famille comblée ! »

Dormir est une nécessité : personne ne peut se vanter de trop peu dormir et de ne pas en payer le prix un jour ou l’autre… ­Comme me le confiait une mère exténuée : « ­Mon bébé de six mois ne fait pas encore ses nuits et dort à peine deux fois 30 minutes par jour, et cela m’épuise. Mais c’est mon enfant de deux ans et demi qui en paie le prix. Ce matin, il a répandu son verre de lait, et j’ai crié si fort qu’on aurait pu croire que la maison venait de prendre feu. »

Bonne réflexion !

BRIGITTE LANGEVIN
Conférencière
Experte en éducation au sommeil

Auteure de 10 livres, dont Sommeil – La boîte à outils : Stratégies et techniques pour bien dormir, publié aux Éditions de Mortagne.

Coach en PNL
De bonnes habitudes de sommeil, ça s’apprend !

www.brigittelangevin.com •  Facebook : bonneshabitudesdesommeil

 

Par Brigitte Langevin

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