Des mots rituels pour les encourager

« C’est l’heure de partir ! » Les enfants commencent à se préparer pendant que les parents font les dernières vérifications : les dents sont brossées, les boîtes à lunch sont faites, les sacs à dos sont remplis… « Go ! On y va ! » C’est parti pour une nouvelle journée ! Bon… Il manque peut-être quelques détails et il y a encore des « Maman, je ne trouve plus mon étui », « Papa, j’ai mal au ventre » ou encore « Un dernier petit bisou »… qui fusent pour la énième fois ! Je ne sais pas comment ça se passe de votre côté, car il y a certainement autant de routines matinales qu’il y a de familles ! Mais avez-vous un rituel ?

Pourquoi un « rituel » ?
Dans le monde de la parentalité, on entend souvent parler de l’importance de la prévisibilité, de la répétition et de la constance. Le rituel est un petit geste tout simple qui s’intègre bien dans notre routine quotidienne et qui, à force de répétition, prend tout son sens !

Pour ma famille, ce petit rituel se résume à quatre expressions et à une petite tape dans la main, qu’on appelle communément un « high five » ! C’est ainsi que nous commençons notre journée sur un ton plutôt enjoué !

« Amusez-vous ! Trompez-vous ! Apprenez ! Célébrez ! » Voilà les quatre expressions toutes simples que nous échangeons chaque matin avant le départ . C’est un petit rituel rassembleur et rassurant pour les enfants. Bien sûr, avant de commencer à le mettre en pratique, nous avons discuté de la signification de ces expressions pour chacun de nous.

Amusez-vous
Voilà une façon de se rappeler qu’on apprend tellement mieux en s’amusant ! Rire, jouer, apprendre, n’-est-ce pas une magnifique combinaison ? C’est aussi un moyen de dédramatiser la séparation pour les petits cœurs plus sensibles : « Même si tu es un peu triste, tu as le droit de t’amuser », ai-je expliqué plusieurs fois à mes cocos. Avec les plus vieux, c’est un bon point de départ pour la responsabilisation lorsque l’ennui s’empare d’eux : « Qu’est-ce que tu peux faire pour rendre ça plus amusant ? » Ça remet vite les choses en perspective tout en leur apprenant qu’ils sont aussi responsables de ce qu’ils vivent ! Non, tout n’est pas toujours de la faute des adultes !

Trompez-vous
Là, c’était un plus compliqué : « Quoi ? Tu veux vraiment qu’on se trompe ? » Ça méritait une bonne explication, et c’est Nelson Mandela qui est venu à mon secours : « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. » Si vous saviez l’impact positif que cette discussion a eu sur mes enfants, qui avaient trop souvent peur de se tromper !

Une fois que je leur ai expliqué que ça demande du courage pour oser quelque chose de nouveau et de la volonté pour entreprendre des tâches difficiles, ils étaient plutôt fiers de raconter leurs tentatives du jour. Au fil des semaines, ils ont cessé d’avoir peur d’échouer, de perdre ou de se tromper ! Je dirais même qu’ils ont développé le goût du risque ! Depuis, nous échangeons ouvertement sur nos « erreurs », même celles qui concernent notre jugement !

Attention : cela ne signifie pas de minimiser les émotions que l’enfant ressent face à ses erreurs. Quand un de mes enfants a échoué à un examen pour la première fois, j’ai écouté. C’était une montagne pour lui. Je l’ai simplement aidé à accueillir cette grosse charge émotive, puis à nommer ses émotions. Ce n’est que quelques jours plus tard que nous avons pu revenir sur ce qu’il avait appris de cet événement.

Apprenez
C’est la suite logique : il y a toujours quelque chose à apprendre, une leçon à tirer ou une nouvelle connaissance à acquérir. Les apprentissages donnent du sens à tout le reste ! D’ailleurs, j’aime demander à mes enfants à quoi leur serviront leurs nouvelles connaissances. Ce n’est pas toujours évident sur le coup, mais ça nous oblige à réfléchir et à être ouverts d’esprit !

Nous pouvons aussi en profiter pour introduire la distinction entre le « chemin » pour arriver à quelque chose et le « résultat » obtenu au bout de ce chemin. Parfois, le chemin est facile, d’autres fois, il est plus difficile. Il arrive que le chemin soit intéressant, d’autres fois moins. Mais il y a toujours quelque chose à retenir d’une expérience, qu’elle soit positive ou négative ! Chaque expérience vécue nous prépare à la suivante !

Célébrez
Ils écoutent, ils réfléchissent, ils travaillent fort, ils tombent et ils se relèvent : nos enfants font bien plus qu’aller s’asseoir sur une chaise d’école ! Ceci est une invitation à célébrer nos petites et nos grandes victoires. Ce peut être une fierté, une réussite, un effort, une première fois, une idée ou toute autre chose qui a retenu l’attention de notre enfant… pas nécessairement la nôtre ! Il ne s’agit donc pas de couvrir notre enfant de « Bravo ! Tu es le meilleur ! », mais plutôt de l’aider à mettre le doigt sur au moins une chose dont il est fier ou reconnaissant.

Et puis… ta journée ?
Nous voilà maintenant de retour à la maison ! Avez-vous déjà demandé à vos enfants comment avait été leur journée ? À quel genre de réponse avez-vous eu droit ? Un silence ? Un « bahhh… je sais pas » ? Ou un petit « bien » tout nu ? Essayer de savoir comment s’est passée la journée de nos enfants semble parfois aussi difficile que de mener une enquête : les informations arrivent au compte-goutte, et, tranquillement, une image se dessine… ou pas !

Je vous invite à poursuivre votre rituel du matin en posant des questions ouvertes à vos jeunes ! C’est la meilleure façon de transformer ces silences et ces réponses incomplètes en de belles discussions à l’heure du souper ou sur le chemin du retour !

Avec qui t’es-tu amusé aujourd’hui ? Quelle a été l’activité la plus/moins intéressante à l’école aujourd’hui ? Comment avez-vous fait preuve de persévérance aujourd’hui ? Quelle a été la tâche la plus difficile à accomplir ? Qu’avez-vous exploré ? À qui aimerais-tu dire « merci » aujourd’hui ? Qu’est-ce que tu retiens de telle situation ?

Comme je l’ai dit, c’est à force de répétition que ces petits rituels prendront tout leur sens !

Au-delà du rituel
Au-delà des mots rituels que nous échangeons au départ et au retour, il y a cette conscience que les enfants développent un peu plus chaque jour, à commencer par la conscience de soi.

En portant leur attention sur ce qu’ils font et ce qu’ils retiennent de leur journée, les enfants développent graduellement une meilleure connaissance d’eux-mêmes : ils découvrent leurs intérêts, leurs forces et leurs qualités. Au début, nous pouvons les leur pointer en disant : « On dirait que tu aimes beaucoup telle activité » ou « Tu as été vraiment persévérant. Au début, c’était difficile pour toi de faire telle chose, mais tu as continué, et maintenant, c’est devenu facile ! » ou « Je remarque que ce genre de situation te fait de la peine. Qu’est-ce que tu peux faire quand ça se produit pour te sentir mieux ? ».

Il s’agit de belles opportunités pour échanger et explorer avec eux à partir de ce qu’ils vivent dans leur quotidien. Tranquillement, nous pouvons aussi les aider à faire des liens entre les événements et même à apprécier leur progression : « Ce que tu me racontes me rappelle la fois où…, Te souviens-tu de ce que tu avais fait ? Peut-être que ça pourrait t’aider face à cette situation ? »

Ainsi, nous apprenons à nos enfants à aller puiser dans leurs ressources personnelles. Parce que la réponse se trouve bien souvent à l’intérieur de nous !

Alors, quels mots allez-vous adopter dans votre rituel de début de journée ?

Bonne rentrée !

JOSÉE FILION
Éducatrice spécialisée et professeure de yoga
Membre du Réseau Nanny secours

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Par Josée Filion

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