5 trucs pour gérer l'anxiété à l'heure du dodo

« ­Maman et papa, depuis ma naissance, vous me rassurez quand je suis malade, fatigué ou inquiet. Vous me faites un câlin quand je pleure et que je semble dépourvu de solutions. Bref, vous êtes là pour répondre à mes besoins, ce qui me donne un sentiment de sécurité et de confiance. C’est ce que les experts appellent le "lien d’attachement", la relation émotionnelle qui s’installe entre moi et vous ».

Il faut savoir que le lien d’attachement entre le parent et son enfant se construit à partir de la naissance ainsi que pendant les premières années de vie. La façon dont l’enfant réagira aux différentes situations auxquelles il fera face dépendra entre autres de ce lien. Les recherches sur la théorie de l’attachement élaborées par ­Bowlby et ­Mary ­Ainsworth nous indiquent qu’il y aurait quatre types d’attachement : insécure ambivalent, insécure évitant, désorganisé et sécure. Ceci étant dit, dormez sur vos deux oreilles, dans la plupart des familles, le lien entre l’enfant et son parent est sécure !

Au quotidien, répondre aux besoins de l’enfant (besoin de manger, d’être consolé, de dormir, d’explorer, d’être changé, d’être aimé) contribuera à établir un lien de confiance et de sécurité entre vous et lui. Ainsi, lorsqu’il fera face à une insécurité, il se sentira assez fort psychologiquement pour y faire face.

Vous l’avez ­peut-être vécu, un bébé de 9 ou 10 mois peut déjà vivre une période d’insécurité lorsqu’une personne étrangère souhaite le prendre ou le toucher. Par son langage verbal et non verbal, il nous fera sentir son insécurité de façon légère ou intense. Cette réaction est expliquée par le fait que le bébé vit une angoisse en dehors des mains de son parent, celui avec qui le lien est significatif. D’ailleurs, les situations de peur chez les enfants sont tout à fait normales entre huit mois et huit ans, elles vont arriver et disparaître avec le temps et de bonnes interventions.

Aujourd’hui, je vous propose d’intervenir efficacement lorsque votre ­tout-petit vit une angoisse lors de la période du dodo.

Voici cinq astuces pour vous situer dans vos interventions parentales : 
1. ­Un parent angoissé est un enfant angoissé ; alors, ayez l’air confiant et soyez solide devant cet enfant qui vit un moment anxiogène. Il a besoin d’un parent sûr de lui lors de la période du dodo. Un parent hésitant qui donne une consigne plus ou moins claire ou qui semble ambivalent pourrait avoir une incidence sur la réaction de son enfant. Quand la routine est stable et cohérente, il est beaucoup plus facile d’être confiant.

2.­ Gardez en tête ce que nous venons d’énumérer en introduction. La société d’aujourd’hui nous pousse à obtenir rapidement des résultats dans toutes les sphères de notre vie. Pourtant, pour plusieurs situations, le fait de donner du temps au temps fera toute une différence. Comme nous savons que l’enfant vivra certainement une angoisse de séparation vers l’âge de neuf mois, il est à prévoir qu’il faudra du temps afin que ­celui-ci s’adapte avec les moyens d’un enfant de cet âge. Tout comme l’enfant de quatre ans qui demande à ses parents de revalider leur présence dans la maison après le moment du coucher. Il aura besoin de temps pour se trouver des stratégies d’adaptation.

3.­ Lorsque notre ­tout-petit a peur de se séparer de nous au moment du dodo, il veut nous dire « maman et papa, ­rassurez-moi sur les prochaines heures ». Il ne veut pas que nous passions 20 minutes à énumérer la routine du soir habituelle, car il la connaît déjà. Il veut que nous soyons sécurisants dans notre réponse, même si à cet âge, nous ne savons pas ce qui devrait nous soulager. Le parent peut alors revenir une fois pour rassurer son enfant en disant par exemple : « ­Charlotte, je t’ai dit que papa allait écouter la télévision au salon, et c’est tout. Maintenant, c’est dodo », ou « ­Maxime, tu as déjà bu un verre d’eau et fait pipi, maintenant c’est l’heure du dodo ». L’un des plus importants facteurs de maintien de l’anxiété est la surprotection ; alors, si tout s’est déroulé comme à l’habitude, il ne vous reste qu’à rassurer une seule fois.

4. ­Quand notre enfant a du mal à se séparer de nous lors d’une longue période comme la nuit, il ne faut pas minimiser, mais dédramatiser. Je vous l’accorde, cette tâche n’est pas une mince affaire. Ne pas minimiser signifie qu’on écoute l’enfant parler de sa peur, sans pour autant y accorder une attention disproportionnée. Dédramatiser signifie que l’on redirige la pensée de notre enfant vers celle qu’il devrait avoir, par exemple « ­Je comprends que tu t’ennuies de nous quand tu te couches, mais ­est-ce que papa et maman ont déjà disparu pendant ton dodo ? »

5.­ Quand on parle d’anxiété de séparation, il est faux de croire qu’il faut éviter d’expliquer ce qui s’en vient, au contraire. Il est préférable d’en discuter avec notre enfant au courant de la journée, lorsqu’il est davantage disponible et à ce moment, de lui fournir des stratégies (compter, penser à une activité de la journée, penser à son déjeuner de rêve, manipuler un toutou très précieux, sentir le chandail de maman, etc.).

Petit conseil pour conclure, il faut savoir que les interventions auprès des enfants qui vivent des périodes d’angoisse se ressemblent d’une situation à l’autre. Les interventions proposées plus haut peuvent être réutilisées au quotidien pour différentes peurs chez l’enfant. Par contre, dans le cas où la situation persiste malgré vos interventions et un suivi auprès de votre médecin, je vous invite à consulter un professionnel qui pourra certainement vous aider (psychologue, éducatrice spécialisée, travailleur social).

Christel ­Leblanc
Éducatrice spécialisée et fondatrice des services en éducation spécialisée, Christel Leblanc travaille auprès d’une clientèle jeunesse (TDAH, TSA, opposition, retard langagier, anxiété, déficience, etc.).

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VÄXA centre de ressources, 2967, rue Picard, Saint-Hyacinthe J2S 1H2 • www.centrevaxa.ca

Par Christel Leblanc

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