6 clés pour aborder la différence avec ses enfants

On dit, depuis des lustres, que chacun est unique. Pourtant, la différence dérange ! ­Elle rend mal à l’aise, elle fait peur. Plus démystifiée que jamais, elle est de plus en plus défendue et affirmée. Abordée d’une façon positive par certains ou sous un angle plus sombre par d’autres, la différence a de nombreuses nuances ! ­Il faut dire que chacun a sa propre expérience de la différence et que ­celle-ci ne représente pas les mêmes défis pour tous. Qu’on le veuille ou non, cela fait partie de nos vies, de près ou de loin. Je lance, à nous, parents, un appel à la réflexion et à l’action ! ­Chaque fois qu’une personne change son regard sur la différence, une personne différente change son regard sur ­elle-même. Plusieurs vies peuvent être transformées par un simple changement de perception. ­Sommes-nous tous prêts à faire cette différence ? ­Voici mes six clés pour aborder le thème de la différence en famille et ainsi développer plus de confiance et de bienveillance.

1- Être prêt
Quand nous avons un enfant différent ou si notre enfant côtoie des enfants différents, nous pouvons prendre un peu d’avance et nous préparer à répondre à ses interrogations. Les mots sont puissants, alors mieux vaut être prêt ! ­Quand mes enfants parlent d’­eux-mêmes ou des autres, souvent de façon comparative, ma réponse est presque toujours la même ! « ­Nous avons tous les mêmes besoins, mais nous ne les exprimons pas tous de la même façon et nous n’y répondons pas de la même façon non plus ! ­Il y a des moments où certains de nos besoins peuvent être plus intenses. Parfois, c’est pour une courte période. D’autres fois, ça dure plus longtemps. » ­Puis, je leur donne des exemples de leur vécu : comment ils exprimaient leurs besoins quand ils étaient petits, comment ils ont appris à marcher ou à parler, ce qu’ils aimaient, etc. Ainsi, je leur démontre que nous sommes tous différents, que nous avons nos façons bien à nous d’apprendre et de faire les choses, que nous avons chacun notre rythme, nos forces, nos défis. Souvent, je leur demande de donner d’autres exemples à partir de ce qu’ils ont vu ou vécu.

2- Parler cœur à cœur
Les enfants sont de fins observateurs : ils voient, entendent et ressentent bien des choses, de l’ordre du visible et de l’invisible. Ils ne sont pas toujours capables d’y mettre des mots. Ils ont parfois besoin d’aide pour comprendre et, surtout, pour donner un sens à ce qu’ils pensent ou ressentent.

C’est là que nous avons l’occasion d’ouvrir le dialogue. Parce que la pire chose est d’éviter le sujet et de laisser l’enfant refouler ses questions et, ainsi, nourrir des idées et des émotions qui teinteront sa relation à la différence.

Évidemment, ses questions peuvent être maladroites ou nous rendre mal à l’aise. Si c’est le cas, nous pouvons l’aider à les reformuler d’une façon plus respectueuse. Quand notre enfant souhaite parler d’une particularité d’une autre personne, nous pouvons lui signifier que nous sommes à l’écoute en privilégiant des questions ouvertes : « ­Comment ­décrirais-tu ta/sa différence ? ­Comment te ­sens-tu par rapport à ça ? », etc. Rien ne sert de devancer l’enfant, car nous risquons de répondre à des questions qu’il ne se pose pas encore ! Évidemment, il arrivera des fois où nous ne saurons pas quoi répondre. C’est correct ! ­Dans ce cas, nous pouvons retourner la question à notre enfant : « C’est une bonne question. Toi, qu’en ­penses-tu ? » ­Nous pouvons aussi expliquer à notre enfant que nous avons besoin de temps pour réfléchir à sa question. L’important, c’est de lui revenir avec une réponse !

3- Offrir son soutien

Être différent, avoir un ami différent, se sentir différent… ­Il y a toute une gamme d’émotions qui accompagnent ces réflexions ! ­Vos enfants auront certainement besoin d’aide pour traverser les débordements émotionnels qui risquent de se présenter.

Un jour, mon fils m’a dit : « ­Tu dis que nous sommes tous uniques. Mais moi, je suis plus différent que les autres. Je le sais. C’est tout. » ­Mon cœur s’était serré et je retenais mes larmes de maman. Il se peut que nous ne soyons pas prêt à aborder un tel sujet. À ce moment, nous pouvons simplement accueillir les émotions de notre enfant sans y répondre. Les enfants ont surtout besoin d’être entendus, et notre présence apportera du réconfort. Si la discussion devait se poursuivre, elle sera plus significative, une fois les émotions apaisées.

Offrir son soutien, c’est aussi chercher des solutions avec l’enfant quand il se sent moins bien. Nous pouvons faire un inventaire des possibilités : « ­Quelles sont tes options ? ­Qu’­est-ce que tu peux faire ? ­Si ça se reproduit, comment ­veux-tu réagir ? »

Voilà de belles façons de développer la confiance et la bienveillance chez notre enfant ! ­Parfois, notre soutien n’est pas suffisant. CPE, garderie, école, organisme communautaire, intervenant familial : il existe bien des ressources pour nous aider.

4- Partager son histoire
Nos anecdotes personnelles sont concrètes et peuvent être une belle source d’inspiration ou de réconfort pour nos enfants. C’est très révélateur de partager les défis que nous avons relevés, les difficultés auxquelles nous avons été confronté et, surtout, comment nous nous sommes senti et comment nous avons réagi. C’est tellement rassurant pour nos enfants de savoir qu’ils ne sont pas seuls ! ­Si nous n’avons pas d’histoire, nous pouvons aussi utiliser celle des autres ! ­Il y a des tonnes de livres inspirants sur la différence, sur la confiance, sur le courage d’être soi, sur l’entraide, etc.

5- Renforcer ses valeurs
Quand il est question de différence, nous avons un double défi : développer la confiance de notre enfant pour qu’il puisse affirmer pleinement qui il est et développer sa bienveillance à l’égard de ­lui-même et des autres. C’est une belle occasion de discuter de nos valeurs personnelles et familiales ! ­En identifiant ce qui est important pour nous, il devient alors plus facile d’agir en cohérence avec ­soi-même : « ­Qu’­est-ce qui est important pour moi ? ­Qu’­est-ce qui a du sens pour moi ? ­Qu’­est-ce que je veux réellement ? ­Est-ce que cela me convient ? »

Régulièrement, je demande à mes enfants de me nommer trois choses qui rendraient le monde meilleur. À partir de leurs réponses, nous faisons une liste des actions possibles à poser, puis nous nous engageons à en mettre ­quelques-unes en pratique durant la semaine. Au souper, nous discutons des occasions qui se sont présentées durant la journée. Les ­avons-nous saisies ? ­Aurions-nous pu agir autrement ? ­Est-ce que notre attitude reflétait nos valeurs ?

6- Être un exemple
En tant que parent, il nous arrive de nous reconnaître à travers les gestes, les paroles ou l’attitude de notre enfant, pour le meilleur ou pour le pire ! ­Chaque jour, nous transmettons des messages à travers nos réactions. Nos enfants captent tout cela. Et ils le répètent. Ils ne savent pas nécessairement si c’est bien ou mal : ils ne font que reproduire ce dont ils ont été témoins.

Je dis souvent que tout part de nous. Quelles sont nos réactions face à la différence ? ­Avons-nous certains préjugés ? ­Faisons-nous preuve d’ouverture et d’empathie ? ­Sommes-nous inclusif ? ­Nous ­comportons-nous comme nous aimerions voir nos enfants se comporter ?

Cette introspection peut être un point de départ intéressant pour faire une différence !

Ça ne prend qu’un geste de compassion pour créer une chaîne de bonté et un monde plus unifié ! ­Alors, qu’­allons-nous nourrir à partir de maintenant ? ­Comment ­allons-nous développer plus de confiance et de bienveillance ?

Je nous souhaite une belle réflexion individuelle et collective !

JOSÉE FILION
Éducatrice spécialisée et professeure de yoga
Membre du Réseau Nanny Secours

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Par Josée Filion

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