J'ai eu l'appel...

Quels souvenirs ­vaut-il la peine de garder ?

Je suis en train de passer au travers de mes souvenirs de jeunesse que ma mère a gardés pour moi dans une boîte. Livres d’école, vêtements de bébé, premier bricolage, première cuillère, première suce, cartes que j’ai faites ­moi-même pour la fête des ­Mères, des ­Pères, ­Noël, ­Saint-Valentin, etc. Tout ça tient dans une grosse boîte. Une belle heure à regarder ces quelques artéfacts du début de ­Martin ­Larocque. Puis, je referme la boîte et je reste les yeux fixés dessus pendant un bon cinq minutes. Je la regarde comme une réalisation spirituelle d’une grande importance spatiale. Je cours au ­sous-sol, là où il y a toutes les autres boîtes que l’on garde pour toutes sortes de raisons. Mais là, il me semble qu’elles sont au nombre de milliers. Des milliers de boîtes de gugusses, de patentes, de gogosses. Mais, surtout, beaucoup de boîtes de dessins d’enfants, de photos, de jouets que l’on garde pour… pour quelque chose de mystérieux.

Je remonte et je constate que ma boîte de souvenirs contient peu d’objets, mais c’est un nombre parfait pour me rappeler le plus beau et le meilleur. Je me rends compte que je viens de passer une heure avec une caisse et que j’ai eu un plaisir immense à revoir toute ma prime jeunesse. Chaque objet ou dessin transporte une centaine de souvenirs. Pas besoin de plus.

Je retourne en bas (non, mais je suis en forme quand même), et c’est là que j’ai eu l’appel avec un A majuscule. Vous savez, cet appel que tous les religieux reçoivent ? ­Et c’est un ange qui est apparu à ma fenêtre, entouré d’une aura rose avec des chérubins jouant de la harpe et tenant des sacs en plastique, qui m’a dit : « ­Martin, Ô ­Martin… ­débarrasse-toi de ces boîtes contenant gugusses, patentes et gogosses. Il ne sert à rien, Ô ­Martin, de garder tout cela. Tes enfants n’en seront pas plus malheureux. Tu feras cela en mémoire de moi ! » ­Puis, j’ai entendu des petites clochettes, et zouf ! ­Plus d’ange dans la fenêtre et plus de chérubins tout nus, mais juste une immense pile de sacs poubelles bleu… ciel !

Il n’est pas vrai que je vais conserver toutes ces caisses pendant des années avec l’inquiétude que, si mes enfants n’ont pas accès à leur jeunesse au complet, ils auront une vie adulte vide de sens ! S’ils ne voient pas tous les dessins faits avec des crayons de cire sur des napperons de restaurant, les milliards de cahiers remplis de problèmes de mathématiques et quoi encore, ça n’aura vraiment pas une grande influence sur leur choix de carrière. L’ange me l’a dit (!!!).

Alors, j’ai pris une caisse par enfant et je leur ai fait chacun un « kit ». J’ai trié (relativement rapidement, je dois dire) les choses à garder et à jeter. Oui, jeter. Pas mettre de côté au cas où ! J’ai sélectionné le meilleur et le plus beau de leur petite enfance.

Juste avant d’aller jeter tout le reste, l’ange est réapparu à la fenêtre (il n’a pas ­grand-chose à faire, lui !) et m’a dit : « ­Martin, tu vis dans une ère technologique. Si ton cœur est triste et que tu as peur du regret, prends des photos et monte un dossier par enfant ». Les petites clochettes, et zouf ! L’ange a disparu de nouveau ! ­Non, mais tsé, quand tu as le c… béni : j’ai justement un cellulaire qui prend des photos ! ­Et hop, on reprend le tout ! ­Photos à l’appui, j’ai tracé l’enfance de mes ­trois-gars-­qui-n’­en-n’­ont-rien-­à-cirer-­que-je-­garde-tout !

Vous dire le soulagement de libérer les tablettes du ­sous-sol de toutes ces boîtes. De soulager ma tête. En vérité, je vous le dis, maintenant que mes enfants sont presque des adultes, j’ai vraiment fait un bon geste en allégeant ma vie de tout cela. ­Essayez-le et vous verrez ! ­Les bons souvenirs sont ceux qu’on se raconte…

Amen !

MARTIN LAROCQUE
Conférencier et auteur du livre Quand t'éduques, éduque.

Papa blogueur Nanny secours
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Par Martin Larocque

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