Le traitement non pharmacologique des TDAH

Le diagnostic est tombé: votre enfant souffre du trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Vous êtes dévasté. Des questions se bousculent dans votre tête. «Que puis-je faire pour l’aider? On me propose des médicaments, mais que puis-je faire d’autre?» Des dizaines de parents comme vous me posent cette question. Je leur explique que certaines mesures non pharmacologiques aideront bien des enfants qui souffrent du trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. Dans cet article, je vais partager avec vous quelques trucs pour établir une routine et un encadrement dont ces enfants ont un immense besoin. Les essayer, c’est les adopter!

3 mots-clés à retenir

Fermeté - Constance - Cohérence

1. Valorisez leurs talents
La majorité des jeunes qui souffrent de ­TDAH ne croient pas à leur potentiel. À force d’échouer ou de se faire disputer, ils finissent par se convaincre qu’ils ne sont bons à rien. Qui pourrait les blâmer ? ­Vous savez comme moi que c’est faux. Tous les enfants ont un talent ou un intérêt à exploiter. Il suffit de le découvrir et de le valoriser. Pour vous en convaincre, je vais vous parler de mon fils qui n’aimait pas lire et détestait l’école. Il préférait perfectionner ses pirouettes sur sa planche à roulettes, domaine où il excellait. Un jour, je l’ai abonné à un magazine en anglais sur l’univers des planchistes. Il en fut ravi. Son expertise fut reconnue auprès de ses amis, ce qui améliora sa confiance en lui. ­Seriez-vous étonné de savoir que ses notes en anglais ont bondi à partir de cette date ? ­Pour découvrir le talent de votre enfant, observez ce qu’il aime faire pendant des heures sans se fatiguer.

2. Développez la confiance grâce à la rétroaction positive
Les enfants hyperactifs ou inattentifs dérangent en classe, ont du mal à garder leurs amis et se font chicaner par leurs parents plus souvent qu’à leur tour. Il est facile d’oublier de souligner leurs bons coups. J’aime mettre les parents au défi de trouver trois bonnes actions posées par leurs enfants, et ce, tous les jours. Je les encourage à partager avec eux leurs observations au moment du souper, qui se fait en famille, sans écran ni téléphone cellulaire. Les plus petits aiment également recevoir des autocollants pour leur calendrier de bonnes actions. Ainsi encouragés, les enfants s’efforceront de répéter les comportements que vous aimez. Applaudissez vos enfants et ­félicitez-les le plus souvent possible. Ainsi valorisés, vos petits tourbillons brilleront et seront fiers d’­eux-mêmes.

3. Soyez fermes, constants et cohérents
Dans mon bureau, je vois souvent des parents en désaccord sur les principes éducatifs à adopter pour leurs enfants souffrant de ­TDAH. Papa a dit oui, maman a dit non ou vice versa. Ou encore, exténués, certains achètent la paix en laissant les enfants obtenir ce qu’ils veulent sans conséquence. Privés de règles claires, ces enfants deviennent anxieux et déprimés. Imaginez un réseau routier sans feux de circulation, ni code de sécurité et encore moins de policiers. Comment vous ­sentiriez-vous au moment de prendre le volant avec votre famille ? ­Je vous vois trembler de peur et anxieux à l’idée de sortir de votre cour. Les enfants ont besoin de balises pour se développer en toute sécurité. Établissez des règles et ­respectez-les. Après une période d’opposition, vos enfants s’adapteront à votre routine.

4. Pardonnez les erreurs et passez à autre chose
Un enfant qui souffre de ­TDAH est parfois malhabile et fait de mauvais choix ; il est normal de réagir. L’enfant doit vivre les conséquences de ses choix. Ces conséquences doivent être en proportion avec son âge et le délit commis. Elles seront plus efficaces si elles impliquent le jeune dans la solution, dans le but de le responsabiliser. Par contre, lorsque la conséquence est terminée, il est impératif que l’enfant sente que vous l’avez pardonné, et, qu’ensemble, vous ayez décidé d’aller de l’avant.

5. Ayez des attentes réalistes
Les enfants sont tous hypersensibles à détecter vos attentes envers eux. Ceux qui ont de la difficulté à l’école ou avec leurs amis s’imaginent, à tort ou à raison, qu’ils déçoivent leurs parents ou leurs professeurs. Ils associent souvent déception avec manque d’amour. Ils peuvent devenir anxieux, voire déprimés s’ils n’arrivent pas à la hauteur de vos attentes. Un jour, une petite fille pleurait dans mon bureau. Elle pensait que ses parents ne l’aimeraient plus parce qu’elle n’était pas la meilleure étudiante de la classe. Sa mère et moi avons eu du mal à la rassurer. Mettez l’accent sur la performance avec modération, insistez sur la motivation et l’effort. Vous pouvez, par exemple, en collaboration avec le professeur, décider que votre enfant fera une ligne sur deux de devoirs jusqu’à ce que la situation soit plus stable.

6. Donnez l’exemple
Comme tous les enfants, ceux atteints de ­TDAH vous regardent et vous imitent. Si vous n’avez pas d’organisation, ne terminez pas ce que vous commencez ou n’avez jamais le temps de vous arrêter, ils feront la même chose. Par exemple, sur les pentes de ski, observez ceux qui portent des casques. Certains parents et tous leurs enfants en ont un. Les enfants dont les parents n’en portent pas l’enlèvent dès que leurs parents sont hors de vue. Ceux qui imitent leurs parents le font avec plaisir en décorant leur casque pour se distinguer. Donnez l’exemple. De plus, si vous les chicanez pour un mauvais choix de comportement appris en vous imitant, ils vous le reprocheront également ; vous perdrez votre crédibilité.

7. Amusez-vous simplement
La vie des enfants souffrant de ­TDAH est un éternel tourbillon d’émotions. Ils ont besoin de pouvoir s’éclater sans jugement. Ils adorent pouvoir le faire avec leurs parents et leurs frères et sœurs. Nul besoin de dépenser des fortunes pour faire plaisir aux enfants. Ils ont besoin de temps de qualité avec leurs parents. Pour faire plaisir à mes enfants, je leur ai demandé de faire la liste de leurs souhaits. Je pensais devoir payer un voyage dispendieux ou devoir acheter des jouets hors de prix. Je fus très surprise de savoir que, pour leur faire plaisir, je devais leur servir des crêpes, des ­hot-dogs et un gâteau au chocolat. Ils voulaient aller jouer aux quilles, se faire raconter des histoires et faire une fête en pyjama. Recherchez et cultivez le bonheur dans les petites choses de la vie.

8. Tenez régulièrement des réunions familiales
Mon meilleur conseil pour les parents est de tenir une réunion de famille toutes les semaines. Lors de ces réunions, mettez à l’ordre du jour la liste des succès, des peines et des défis des membres de la famille. Il s’agit du moment idéal pour gérer les tensions et les conflits. Vous pouvez demander aux enfants de consigner par écrit vos décisions pour y revenir la semaine suivante. Il importe de laisser à chacun le droit de s’exprimer librement. Pour aider ceux qui ont de la difficulté à attendre leur tour, prévoyez que seul celui qui tient l’objet de votre choix a le droit de parler. De plus, vous pouvez alterner les rôles d’animateur et de secrétaire pour responsabiliser vos enfants. Vous serez surpris de voir leur intérêt pour ces conseils de famille. Vous pouvez ajouter un côté ludique à cette rencontre, par exemple en servant un léger goûter après la rencontre, qui peut se limiter à une ­demi-heure par semaine. Vos enfants se souviendront longtemps du temps passé en réunion, des images puissantes pour renforcer les liens dans la famille.

9. Respectez la confidentialité des problèmes de votre enfant
Les jeunes atteints de ­TDAH souhaitent gérer leur problème avec leurs parents, leurs professeurs et leurs médecins. Personne d’autre n’a besoin de savoir qu’ils prennent une médication ou ont besoin d’un plan de redressement à l’école. Ils apprécieront votre discrétion. Imaginez si toute la parenté connaît leur problème, ils se sentiront bien seuls. De plus, il se trouvera toujours une personne pour mettre en doute vos décisions quant à la façon d’éduquer vos enfants. Il vaut mieux n’accorder aucune valeur aux commentaires désobligeants de ceux qui veulent s’infiltrer dans votre famille.

10. Informez-vous auprès de sources crédibles
Prenez le temps de vous informer auprès de sources de qualité. En voici trois exemples : 
- Modules vidéo sur le ­TDAH produits par le ­Centre ­hospitalier ­Sainte-Justine. www.chusj.org, ­Onglets ­Enseignement, ­Formation continue, eLearning, ­Liste de courts offerts

- Mon cerveau a besoin de lunettes, ­Les Éditions de l’Homme, 2017

- TDA/H ­La boîte à outils, ­Les Éditions de ­Mortagne, 2015

Dre ­Nicole ­Audet
Médecin de famille et écrivaine, pratique au centre de santé et de -mieux-être pour enfants -Agoo, à -Laval

www.NicoleAudet.com

Au cours de sa carrière, elle a signé plus de 30 livres, vendu plus de 150 000 livres et remporté de nombreux prix littéraires internationaux. Les albums des aventures de Félix et Boubou sont offerts en français et en anglais. Son plus récent livre, La magie de l’empathie, est offert dès maintenant.

Par Nicole Audet

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