Quand parentalité rime avec diversités!

David et ­Vincent, un couple gai ayant adopté deux enfants handicapés, partagent avec nous les clés de leur équilibre familial. Leur témoignage inspirant suscite des réflexions à propos de la fierté d’être parent, de l’inclusion et des plaisirs quotidiens.

Pour ­David, la découverte de son homosexualité signifiait mettre une croix sur la parentalité. Ce fut tout un soulagement pour lui de réaliser qu’au ­Québec, les lois ayant évolué, il est possible de fonder une famille grâce à l’adoption.

En 2011, ­David et ­Vincent se sont réjouis d’accueillir ­Maxime, qui a une anomalie génétique appelée le syndrome du cri du chat. Rose, atteinte de trisomie 21, a fait son entrée dans la famille en 2014. Tout au long du processus d’adoption, le couple a été accompagné par l’Association ­Emmanuel, qui s’engage en faveur de l’adoption de tout enfant, peu importe ses particularités, pour lequel les services sociaux ne parviennent pas à trouver une famille adoptive.

Une journée à la fois
Le couple admet que la projection dans l’avenir est un enjeu pour les parents d’enfants à besoins particuliers. « ­On pourrait se laisser envahir par les inquiétudes à propos du futur, à savoir par exemple qui prendra soin de nos enfants quand on sera trop âgés. On choisit de prendre les défis et les réussites qui se présentent, une journée à la fois. On accompagne nos enfants à leur rythme dans le développement de leur potentiel. »

Lorsque ­Maxime était bébé, les nouveaux papas ont d’abord été rassurés de voir qu’il interagissait avec eux. Les professionnels leur disaient d’ailleurs qu’il parlerait et marcherait. Par la suite, ­David et ­Vincent ont reçu la nouvelle que ­Maxime ne parlerait pas et ne marcherait pas, mais qu’il se déplacerait et pourrait communiquer. Aujourd’hui, ­Maxime a neuf ans. Il utilise son fauteuil roulant en sortie, mais il peut marcher tenu par la main ou avec une marchette. Il communique généralement avec des gestes et son iPad, mais il dit aussi quelques mots. Il y a donc un côté boîte à surprise dans le développement des enfants, et on ne peut pas tout prévoir !

Une question d’équilibre
Pour ­David et ­Vincent, il faut trouver le juste milieu entre la stimulation des enfants et s’amuser ou se reposer sans culpabilité. « ­Certains parents affirment qu’ils ont tout sacrifié pour leurs enfants. On pourrait s’obliger à faire des exercices d’ergothérapie avec ­Maxime et des travaux scolaires avec ­Rose 35 heures par semaine. On choisit d’équilibrer le tout pour être ­nous-mêmes heureux et rendre nos enfants les plus heureux possibles. »

­Au-delà de concilier travail et famille, il faut se laisser des moments pour les loisirs, les amis et le couple. « ­Prendre une fin de semaine en amoureux nous permet d’être de meilleurs parents au retour. »

Un choix qui apporte fierté et bonheur
« ­On ne fait pas pitié et on n’est pas courageux d’avoir adopté des enfants handicapés », affirme ­Vincent. Il poursuit en expliquant que ­David et lui ont fait ce choix qui apporte à leur famille des défis et des plaisirs différents. David précise que, même s’il y a des hauts et des bas, il y a la fierté de voir leurs enfants progresser. De plus, avec des enfants handicapés, on peut célébrer davantage des réussites qui peuvent paraître banales, parce qu’on sait l’énergie investie !

Les moments partagés en famille sont la plus grande source de bonheur des parents. Les éclats de rire sont au ­rendez-vous lorsque les activités choisies respectent les intérêts et les limites de chacun. Certaines activités peuvent être vécues avec les deux enfants, alors que d’autres gagnent à être vécues en dyade. Par exemple, les sorties au cinéma sont difficiles pour ­Maxime, donc ­Vincent y va seul avec ­Rose. De son côté, ­David peut sortir à la piscine avec les deux enfants, et le plaisir est au ­rendez-vous.

Quand parentalité rime avec diversités!

©­Photos : ­Annie ­Beauregard ­Photographie

Inclusion et normalité
David et ­Vincent mettent en évidence la normalité de leur famille dans sa différence. Ils souhaitent sensibiliser les parents sur le fait que leurs paroles et leurs gestes construisent la notion de normalité chez les enfants. Ils précisent qu’­au-delà de ce qui est dit, il y a le ­comment c’est dit. Le couple affirme que, plus les parents seront inclusifs dans leur discours, plus les enfants seront ouverts. L’inclusion, c’est général : ça concerne autant un handicap physique que l’apparence, l’ethnie ou l’orientation sexuelle.

Un discours éducatif normalisant permet aux enfants de développer leur ouverture et de se sentir accueillis et acceptés tels qu’ils sont au sein de leur propre famille. David précise que le piège conscient ou inconscient de certains parents est de tracer une voie qui est d’emblée plus hétéro, ce qui fait en sorte que l’enfant ou l’adolescent qui se découvre différent peut se questionner quant à l’ouverture à laquelle il fera face en se confiant à ses parents.

La découverte et le coming out
Les pères de famille souhaitent dire aux gens qui vivent des questionnements face à leur orientation sexuelle que les émotions qu’ils vivent sont normales. La prémisse de base, c’est de s’accepter tel qu’on est. L’important est d’aller chercher les bonnes personnes ou organismes pour être accompagné dans ce cheminement.

David précise que le premier coming out peut avoir des enjeux émotifs plus importants puisqu’il s’adresse généralement à l’entourage immédiat. Ça peut sembler crucial, voire inquiétant, et c’est normal. Il poursuit en disant qu’il y en aura toute la vie, mais qu’à un moment donné, ça devient moins difficile et ça se fait naturellement. « ­Au fond, il faut se construire sa propre normalité dans le respect de soi et des autres, ­au-delà des étiquettes », conclut le couple.

­GUYLAINE MORISETTE
Éducatrice spécialisée depuis près de 20 ans, elle a fondé FAMILLE etc., qui offre du coaching familial à domicile en Montérégie. Des services d’accompagnement individuels pour enfants, adolescents et adultes sont offerts aux bureaux de Saint-Hyacinthe. La PNL, l’hypnose et les techniques d’impact figurent parmi les outils qui amènent leurs clients vers l’atteinte de leurs objectifs.

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Par ­Guylaine ­Morissette

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