J'ai besoin d'une pause

Je viens de coucher mon bébé de six mois pour sa sieste, je me grouille de composer ce texte, car c’est le seul temps que j’aurai à moi pour le faire. Ouf. ­Êtes-vous « à boutte » vous aussi ?

La période de confinement du printemps avec les enfants, les vacances d’été avec les enfants, l’automne incertain avec les enfants, une deuxième vague ou pas de deuxième vague avec les enfants… ­Tout est « avec les enfants ». Bon, vous me direz que, quand on fait des enfants, ce n’est pas pour les faire garder ou s’en débarrasser, mais ­est-ce que j’ai quand même le droit, moi, de dire que j’ai comme « trop » vu mes enfants dernièrement ? ­Ouin.

Quand le confinement du printemps fut terminé, je me souviens d’avoir ressenti un sentiment enivrant d’extase, et aussi de culpabilité, quand une connaissance rencontrée par hasard est devenue gaga de ma fille. Dans mon cœur et dans ma tête, ça disait : « ­Merci d’aimer ma fille pour moi. Quelques instants… » et… « ­Est-ce que je peux revenir dans deux heures ? » ­Hahaha !

Je suis une personne créative, enjouée, motivée, enthousiaste et cool, je ne manque pas d’idées d’activités pour mes filles, mais j’ai atteint ma limite personnelle. Je pense que je me suis trop donnée. Je me suis oubliée. J’ai d’ailleurs trouvé des façons malsaines de me retrouver durant ces périodes difficiles : j’ai mangé des gâteaux en cachette, j’ai même commencé à boire du vin ! ­Moi qui ne buvais pratiquement jamais avant. Comique et triste à la fois. La survie mentale.

L’art à la rescousse
Lors du confinement et durant l’été, bien que je sois coach professionnelle ­moi-même, j’ai commencé des séances d’­art-thérapie avec une thérapeute, et ça m’a fait le plus grand bien. Je crois fermement que tous les gens qui travaillent dans le domaine du ­mieux-être doivent se tenir ­eux-mêmes sains pour bien accompagner les autres, et j’en ai eu besoin.

Lors de ces séances d’­art-thérapie, j’ai compris des trucs intéressants à travers le dessin et les créations ludiques. J’ai d’ailleurs ­moi-même intégré l’art dans ma pratique de coaching avec les clients grâce à cette inspiration. J’ai compris que mon côté « femme et artiste » ne peut plus me quitter. Et je ne peux plus séparer non plus ces deux facettes. Bien que je sois une maman, je ne veux plus faire de compromis face à la femme que je suis d’abord. ­Taxez-moi d’égocentrique ou de mère indigne, je ne peux plus. Sinon, je me perds, je deviens une maman dépassée, amère, une maman qui crie, une maman pas cool du tout.

En fait, je n’ai même plus le choix d’être qui je suis. Je suis une femme d’abord, une artiste, puis une mère. Mon rôle de maman devient quasiment secondaire. Ouf, je n’aurais pas pensé dire tout cela un jour, mais j’en ai besoin pour être une meilleure maman. Une maman heureuse. C’est ­peut-être la beauté d’être une « vieille » nouvelle maman de 42 ans : les compromis ne sont plus vraiment possibles.

Quand on dit que ça prend un village pour élever un enfant, j’y crois maintenant. Pour avoir passé à travers ces périodes de « trop voir mes enfants », je comprends. Les pauses sont nécessaires. Les pauses sont la survie.

Amis, parents, prenez mes enfants. ­Bercez-les. ­Bisoutez-les. Pendant que maman se ferme les yeux quelques secondes. Pendant que maman se ressource et jase avec un autre adulte de sujets d’adultes. Pendant que maman prend sa douche. Pendant que maman va faire un tour de char avant de péter une coche. Avec ou sans masque, en personne ou sur ­FaceTime, ­pourriez-vous aimer mes enfants pour moi ? J’ai besoin d’une pause.

La beauté et la grandeur du village, de nos cercles sociaux, des garderies et ­CPE, de nos familles et amis, c’est ce qui aura beaucoup manqué lors du confinement. La richesse et la variété de ce qu’apportent les autres. La richesse de l’amour et de la bienveillance des autres.

La coach en moi a envie de vous dire : « ­Prends une pause, la mère ! ­Qui ­es-tu avant d’être une maman ? ­Qu’­est-ce qui te fait tripper comme personne, comme femme ? ­Entends-toi. ­Écoute-toi. ­Regarde-toi. Tu es belle. Tu existes. Et t’as le droit. »

NATHALIE LAUZON
Coach professionnelle, auteure et artiste

www.nathalielauzon.ca  •  info@nathalielauzon.ca

Par Nathalie Lauzon

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