Mon enfant accumule comme moi

On dit que la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre. Votre enfant ­aurait-il lui aussi le gène de l’accumulation ?

La fin de saison arrive, et vous décidez de donner un coup de jeunesse à votre maison. Ménage, tri, organisation : vous êtes motivée ! ­Vous voulez impliquer toute la famille dans votre exercice (après tout, c’est bon que tout le monde active son muscle du tri !), mais votre enfant fait la moue.

Avec votre plus gros sourire, vous lui posez quelques questions : « Y ­a-t-il des toutous que tu veux donner ? ­Et si on laissait aller ces vêtements trop petits ? Ça fait plusieurs mois que tu n’as pas touché à ce ­casse-tête, ­est-ce qu’on le passe au suivant ? »

Pour chaque question, vous rencontrez de la résistance. Vous fouillez un peu dans la chambre et vous découvrez une série d’objets insolites qui ne semblent pas avoir de sens, mais que votre enfant veut garder. Un constat s’impose : votre enfant semble accumuler.

Si cette situation ressemble à la vôtre, restez sans crainte ! ­Vous n’êtes pas la seule.

J’imite maman
Quand j’ai commencé à raconter mon histoire de désencombrement, j’ai remonté jusqu’à mon enfance. C’est à ce ­moment-là qu’on intègre une panoplie de concepts notamment par rapport au foyer : à quoi ressemble une maison, comment on traite nos choses, quelles bonnes habitudes à prendre, etc.

Bref, on se crée une image du monde en commençant par comment on vit à la maison. Mon univers ? J’habitais dans une maison de banlieue et je voyais ma mère garder vêtement après vêtement, pour quand ça allait me faire « un jour ».

Elle aimait avoir un peu de tout sous la main pour ne pas être prise au dépourvu, que ce soit un veston, des bols pour de la soupe à l’oignon qu’on mangeait une fois par année ou avoir en stock de la nourriture et des produits pour une armée.

De mes yeux d’enfant, qu’­est-ce que j’ai retenu ? ­Qu’il est bon de garder au cas où, que c’est normal d’avoir plusieurs ­garde-robes bien remplis et que, si un objet rentre, il n’est pas nécessaire d’en sortir un.

Alors, j’ai imité ma mère. Pendant longtemps. Elle était aussi sentimentale envers ses choses ; je pensais donc que c’était normal de tout garder, encore plus quand il s’agissait d’objets de famille livres, meubles, tableaux, etc.

J’avais des collections de tout : crèmes, bulles de bain, collants, cristaux, livres, monnaie, name it ! ­TOUT devenait matière à collection, et je passais énormément de temps à m’occuper de ces objets. C’est ainsi que j’ai aiguisé mon muscle du « au cas où ».

Pourquoi votre enfant accumule
Une des raisons qui semblent revenir souvent au cours de mes échanges avec les mamans est que, si un enfant a de la difficulté à laisser aller des objets, c’est souvent qu’il y a un des deux parents qui accumule. Comme le démontre ma propre histoire, il est tout naturel qu’un enfant imite ses parents : ils sont ses modèles !

Notre rapport aux objets se développe dès le plus jeune âge. Oui, les objets sont essentiels pour créer un logement harmonieux et répondre à nos besoins, mais garder compulsivement mène éventuellement
à l’encombrement.

Voici quelques pistes qui pourraient expliquer pourquoi votre enfant aime bien garder ses choses:
1. ­Un des parents accumule, et l’enfant a adopté ce modèle.
2. ­Il ne sait pas comment trier ou n’est pas encouragé à le faire.
3. ­Il est anxieux et trouve du réconfort dans ses objets.
4.­ ­Il se préoccupe du sort de son toutou – par exemple – et ne sait pas ce qu’il va lui arriver, une fois qu’il sera donné.
5. ­Il est en plein développement de sa phase du moi, donc laisser aller est très difficile.
6. ­Il n’y a pas de réduction à la source.

Cette liste n’est pas exhaustive, mais elle peut vous donner quelques pistes de réflexions.

Bien sûr, votre enfant peut avoir des collections et montrer de la difficulté à laisser aller ses jouets. Cela ne veut pas dire qu’il se dirige vers un trouble de l’accumulation !

Quand on trie avec un enfant, ce n’est pas une course ou une compétition : je suggère plutôt de pratiquer le renforcement positif. Chaque geste compte et mérite d’être célébré !

D’ailleurs, si vous avez plusieurs enfants, vous remarquerez qu’ils ont probablement une façon différente de considérer les objets. L’important est de les respecter dans leur rythme quand vient le temps de trier. Comme tout bon muscle, celui du tri s’entraîne en douceur…

Pourquoi montrer le tri à votre enfant ?
Comme vous montrez à se brosser les dents et à ranger les jouets, montrer à trier est un service à rendre à votre enfant. C’est une bonne habitude qui peut faire une grande différence quand il sera adulte.

L’encombrement peut occasionner une augmentation du niveau de stress et de la charge mentale. Il peut affecter notre estime de soi, notre comportement social, notre souplesse face à l’imprévu, et créer un ­mal-être pouvant aller jusqu’à la dépression, et bien plus.

Bref, apprendre à l’enfant à laisser aller des objets qui ne servent plus est tout un service à lui rendre ! ­Après tout, le quotidien est beaucoup plus sympathique quand on accorde notre temps et notre espace à des objets qu’on aime.

Pour renverser la vapeur
Si vous désirez activer le muscle du tri de votre enfant, voici quelques suggestions.

• ­Montrez l’exemple : on ne s’en sort pas, vous êtes la meilleure personne, car votre enfant vous imite, et ce sera ­gagnant-gagnant puisque vous pourrez trier vos choses en même temps !

• Commencez l’aventure du tri avec un défi : ça donne une atmosphère plus ludique. Un de vos enfants a de la difficulté à ­laisser aller ? ­Pensez à compter tous les objets sortis en tant que famille au lieu de faire un décompte individuel. Vous pouvez répéter la formule à différents moments dans l’année !

• Expliquez le concept de « donner une deuxième vie » aux objets et comment ils auront une autre maison, de façon à rassurer votre enfant.

• ­ Expliquez aussi les bienfaits d’un environnement épuré. Par exemple, moins de jouets à ranger = plus de temps pour jouer !

• Célébrez chaque objet sorti par votre enfant, surtout si c’est difficile pour lui.

• Impliquez votre enfant dans le geste du don : allez porter le sac dans une boîte de dons ou des toutous au poste de pompiers (il va adorer !)

• Ayez une boîte de dons en permanence dans votre logement. Mon petit dragon, du haut de ses quatre ans, me dit désormais « le toutou dans ­LA boîte, maman ».

• Posez la question régulièrement sur différents objets qui semblent peu intéresser votre enfant : on donne à une autre famille ? Ça permet de garder la discussion ouverte et de l’habituer à prendre des décisions.

• Évidemment, le meilleur truc est de réduire à la source ! ­On passe le mot à son entourage avant les anniversaires et les fêtes...

Bref, selon la personnalité de votre enfant et son rythme, vous pouvez explorer quelques pistes et l’habituer tranquillement à prendre conscience de ce qui l’entoure. Encore une fois, le but n’est pas de vivre dans le vide, c’est plutôt d’enlever la couche d’excès. Bonne aventure du tri !

ARSÈNE TALBOT
Alias La Maman Mini - Elle aide les mamans à désencombrer pour transformer leur maison et leur quotidien. Maman de son p’tit dragon, Eli, sa chienne, Coco, sa chatte, Miss Watson, et mam’ange d’Adèle, elle a créé la méthode de tri ROSE et publie des astuces quotidiennement sur les réseaux sociaux.

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Par Arsène Talbot

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