Le hamster

Ça y est ! ­Je suis dans ma 41e année. Il paraît qu’il y a une crise au mitan de notre vie ? ­Cette année, il y en a plusieurs. La ­COVID en est une et, pour certaines personnes comme moi, elle a amplifié ou complexifié la situation. C’est une année de bilan, de retour sur ­soi-même. Qu’­est-ce que je veux ? ­Ou plutôt, qu’­est-ce que je ne veux plus ? ­Dans cette effervescence de réflexions, les enfants, eux, sont toujours là.

Même si nous sommes parents, la réflexion personnelle est inévitable, mais elle se fait en parallèle avec la vie familiale. ­Peut-être que nous vivrons une séparation ou un problème de santé ? ­Si une partie de notre corps flanche, il y aura sans doute une prise de conscience. La vie nous ­lance-t-elle un message ? ­Quelles sont nos nouvelles limites ? ­Dans le spectre des remises en question de notre couple, il y aura ­peut-être des interrogations sur ce que serait notre vie sans les enfants, une tentative de valider les fondements réels du couple. Sans que cela soit de l’égoïsme, mais plutôt une façon de se retrouver si nous nous sommes négligés ou oubliés. Ces scénarios pourraient peu à peu occuper de l’espace dans notre tête, mais les responsabilités ont un avantage à faire un premier filtre. Cela aide à rationaliser. Dans un deuxième élan, nous nous rabattons sur le temps qui nous reste, notre énergie et nos valeurs. Nous nous recentrons sur nos intérêts. En ce sens, nous pouvons essayer d’en savoir plus sur ­nous-mêmes. Pourquoi ne pas consulter ?

D’un point de vue médical, il semble y avoir des choses inévitables. Soit, nous prenons nos précautions, ou la vie nous rattrape ! ­Il y a aussi les imprévus. Même si nous sommes à notre affaire, nous pouvons vivre de petits pépins ou de grands drames malgré tout. Le karma ne dort pas. Si, comme moi, vous avez un médecin de famille, probablement qu’il posera plus de questions sur les antécédents familiaux. Y ­a-t-il des cardiaques dans la famille ? ­De la dépression, de l’angoisse, de la bipolarité ? ­Ce travail de prévention que nous faisons peut grandement nous servir à nous et à nos propres enfants. Bien que nous sachions l’importance de bien éduquer nos enfants, nous comprenons aussi qu’ils vont hériter d’un certain bagage, et ce, bien malgré nous. Il peut être intéressant d’explorer son mental et de travailler sur soi par la psychothérapie, seul, en couple ou en famille. C’est pour moi un aspect très important, car contrairement à notre bagage génétique, nous avons un certain contrôle sur notre évolution cognitive. Cela vaut la peine de se regarder dans le miroir, sans être paranoïaque ou perfectionniste. Notre jeune public nous regarde.

C’est là que l’humain nous rattrape. Pas facile de se remettre en question ! ­Nous pensons avoir une certaine maturité. Nous pensons nous connaître assez pour surmonter tous les défis. Nous sommes dans un certain contrôle. Un bon jugement. Une bonne vision. Une bonne organisation. Certains se voient comme des superparents. D’autres font simplement leur possible, et c’est aussi bon. Les devoirs sont faits. Les sports. Les arts. Les ­rendez-vous. Le travail. Les suivis. L’autobus roule. Et pouf ! ­Soudainement, le plus jeune se « pogne » les parties intimes trop souvent. Ce n’est pas un mauvais garçon pour autant. Au contraire, ça va super bien. Je dois dire qu’il semble plus éveillé sur la chose que son aîné. Nous en parlons au médecin. Nous sommes tellement « sur la coche » ! ­Nous essayons de trouver des solutions. Puisque j’ai, moi aussi, un pénis, j’essaie d’y comprendre quelque chose en me basant sur ma propre expérience. J’ai toujours aimé le sexe ; mon fils doit être comme moi ! ­Par contre, je ne veux pas que cela lui cause des soucis. Alors, je planche pour trouver la source du problème. Entretemps, je lui rappelle de lâcher son organe. Les récurrences diminuent, mais la réflexion sur le sujet continue. Je relativise. C’est un autre élément en work in progress. Je finis par avoir mal à la tête à trop penser.

Arrive un dimanche soir bien normal. Les garçons et moi regardons un film. Comme j’ai dit, je suis dans ma crise de la quarantaine. Je me sens plus sensible par rapport à tout et rien, à ce qui me concerne, à ce qui concerne mes garçons. Ces ­temps-ci, je pense sans arrêt. Le hamster ! ­Je me retourne vers mes boys pour les contempler en me disant que c’est bien de prendre un temps d’arrêt ensemble. C’est à ce moment que je remarque que tous les gars sur le divan… ont une main dans le caleçon !

MARC LEFEBVRE
Artiste dans l’âme et papa blogueur Nanny Secours
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Par Marc Lefebvre

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