Pour une routine du dodo sans chichis

Une routine de dodo peut se mettre en place dès l’âge de huit semaines afin de permettre à votre enfant de se détendre avant de trouver le sommeil. Comment mettre en place une routine apaisante mais solide et, ainsi, favoriser une soirée agréable pour tous, loin des pleurs et des demandes incessantes pour un dernier verre d’eau ?

La routine du coucher marque la transition de l’éveil au sommeil et devient pour votre enfant une source de sécurité et de réconfort. L’objectif d’une routine pour le coucher est de réduire progressivement la stimulation et de favoriser la détente avant de trouver le sommeil. En fait, ce n’est pas tant la routine qui prédispose au sommeil, mais plutôt l’habitude créée par cette répétition de gestes, de paroles, de tendresse, de calme et de douceur, dont l’ultime étape est l’endormissement.

La routine du coucher offre un temps de répit avec ses enfants, un à la fois lorsque c’est possible. C’est le moment de se divertir par une activité calme et de créer une ambiance de détente propice aux rapprochements, à l’affection, aux confidences chez les plus vieux et, enfin, à l’endormissement.

Certaines activités telles les batailles, chatouillis et sorties à l’extérieur sont à proscrire avant le dodo ou la sieste. La surexcitation n’épuise pas toujours les enfants, elle est même susceptible de les rendre plus nerveux, voire irritables, et de retarder l’endormissement. À retenir : la routine idéale est celle qui permet à l’enfant d’aller au lit sur une note positive. Soyez créatif !

QUELQUES ­RÈGLES ­DE ­BASE
Dans toute démarche éducative, une bonne part de la réussite repose sur l’application de certaines règles. Les routines ne font pas exception.

  • Rangez les jouets dans la chambre. Moins l’environnement est stimulant, plus le message est clair : il n’y a rien d’autre à faire que de se laisser aller au sommeil.
  • Assurez-vous que le lit aussi soit exempt de jouets. On ne devrait y retrouver, selon l’âge, qu’un doudou, un toutou, une suce, une couverture et un oreiller (ces deux derniers éléments appartenant au lit d’appoint et non au lit à barreaux).
  • Adoptez un horaire stable. L’heure du coucher et du lever devrait être sensiblement la même tous les jours.
  • Limitez-vous à 20 minutes. Les préparatifs au dodo doivent avoir un début et une fin. Ce temps est suffisant pour permettre à votre enfant de se détendre. Pour les siestes, la routine devrait être limitée à 5 minutes. (À noter que ce temps n’inclut pas la période d’hygiène).
  • Soyez calme, doux, mais ferme durant cette période. Pas question de laisser les activités de détente dégénérer en excitation.
  • Choisissez une routine qui vous convient, qui fait appel à vos valeurs. Vous vous sentirez ainsi confiant et convaincant, et il sera plus facile de bien encadrer ce temps spécifique. Voilà pourquoi la routine de papa est parfois différente de celle de maman.
  • Conservez l’habitude de garder la porte de sa chambre fermée. L’environnement de votre enfant sera plus calme et silencieux, et votre besoin d’intimité sera respecté. Lorsque vous irez dormir, si vous en ressentez le besoin, la porte de sa chambre pourrait être entrebâillée.
  • Allumez une veilleuse, si votre enfant commence à réclamer la lumière dans la chambre ou le couloir. La peur de l’obscurité apparaît environ vers l’âge de deux ou trois ans. Avant cet âge, le besoin de la veilleuse est uniquement pour le parent et ne nuit pas au sommeil du bébé.

POUR ­RÉUSSIR ­LA ­ROUTINE ­DU ­COUCHER
Elle doit se dérouler en trois étapes : la période d’hygiène, la période de détente, la période d’affection.

La période d’hygiène
L’heure qui précède le sommeil a une grande importance sur le plan physique et affectif. Pour faciliter l’endormissement, le tonus musculaire doit se relâcher, et la température corporelle s’abaisser. Bien qu’un bain chaud augmente la température du corps, cette hausse thermique est immédiatement suivie d’une diminution, propice à encourager le sommeil. De plus, le bain relaxe et permet un rapport au corps différent de celui que votre enfant a connu au cours de la journée. Le moment du bain sollicite les contacts de peau à peau, la main qui lave dessine les contours d’un corps que votre bébé perçoit de mieux en mieux comme le sien. L’eau chaude, les caresses, les mots tendres qui souvent accompagnent ces gestes rassurent votre enfant sur l’amour de son parent. Ceux qui préfèrent donner un bain moins régulièrement peuvent procurer la même détente en lavant bébé à la débarbouillette, dans une pièce bien tempérée, pour ensuite le masser affectueusement avant de le mettre en pyjama. La période d’hygiène est une activité plus ou moins longue, tout dépend du temps que le parent peut y consacrer chaque soir.

La période de détente
Arrive maintenant l’­élément-clé de la routine : la détente. Pour permettre au sommeil de s’installer et surtout à votre enfant de s’y laisser aller, une période de détente avant le coucher est primordiale. À proscrire : l’écoute d’une émission télévisée. Même si elle est de nature pédagogique, la télévision n’apporte pas de réelle détente, puisqu’elle stimule par son contenu. Il en est de même pour les jeux et les lectures sur tout écran avec un rayonnement de lumière bleue. Voici quelques exemples d’activités calmes. Il en existe bien d’autres, le point commun est qu’elles sont dénuées de toute forme d’excitation. À noter que papa et maman peuvent choisir des activités de détente différentes, chacun dans leur routine, sans causer préjudice aux bienfaits de cette période. Il est aussi important de s’assurer de quitter la pièce avant que l’enfant ne s’endorme, pour éviter qu’il s’éveille et en redemande.

Le massage
Couchez l’enfant dans son lit (pas le vôtre) et mettez une musique apaisante. ­Assurez-vous que la musique soit éteinte avant que le dodo ne débute. Vous pouvez faire un petit massage des pieds, des mains, du dos ou du cuir chevelu. Une variante est d’utiliser un élément pour masser (sans chatouiller). Par exemple, une balle douce qui roule délicatement sur un bras ou une plume qui caresse gentiment le front. C’est un bon moment aussi pour le rappel de vos attentes face au dodo avec les spécificités propres à chacun de vos enfants. Par exemple : celui qui a tendance à parler, on lui rappelle de faire le silence ; celui qui a tendance à égarer son toutou, on lui rappelle qu’il est tout près de lui, chez le petit bébé, on lui dit tendrement qu’on l’aime, etc.

La chaise berçante
Invitez votre enfant à s’asseoir avec vous sur la chaise berçante de sa chambre. Si elle n’est pas dans cette pièce, il est important que tout autre stimulus visuel (comme la télé) soit éteint. ­Bercez-le doucement en le caressant tendrement, en chantant.

L’histoire
Prenez soin de toujours avoir lu l’histoire avant de la raconter afin de vous assurer qu’elle convient à son âge. Elle doit ouvrir une porte sur un imaginaire heureux. Créez une ambiance qui favorise l’écoute : votre enfant doit être assis confortablement, et chacun (lui et vous) doit avoir une attitude positive. ­Mettez-y de l’intonation et de l’émotion afin de rendre le conte vivant.

Les mots doux
Telle une narration, voici un texte à lire lentement et à voix basse, une fois votre enfant bien étendu dans son lit, tout en le caressant tendrement et délicatement. « ­Maintenant, tu dois bien reposer tes jambes, tes bras, tes mains, tes yeux, ta bouche et ta tête, afin que tu puisses rester en santé et souriant. Lorsque tu vas te réveiller, tu vas être en super forme ! ­Tes jambes vont courir vite, tes bras vont être forts, tes mains vont jouer facilement, tes yeux vont être curieux, ta bouche va sourire, et ta tête va avoir plein d’idées nouvelles, car tu seras bien reposé. Bon dodo ! » ­Tout autre mot tendre est évidemment approprié.

La chanson
Chantez doucement, sans mouvement ample ni brusque, avec une voix douce et apaisante. Vous pouvez caresser votre enfant ou le masser en même temps… ou le bercer. ­Assurez-vous de quitter la pièce alors qu’il est toujours éveillé.

La période d’affection
L’affection n’a pas de consistance propre. On ne donne pas de l’affection à un enfant, on lui donne avec affection des soins, des valeurs, etc. Dans cette perspective, l’affection ­sous-tend toutes les activités exécutées durant la routine (et le reste de la journée, il va de soi). L’affection ne se réduit pas aux effusions de tendresse auxquelles elle conduit parfois. Dans son expression la plus dépouillée, l’affection est d’abord un témoignage des yeux ou, plus précisément, du regard. Dans le contexte ­parent-enfant, l’affection peut ainsi se définir comme le regard sensible que le parent porte à son enfant. C’est ce regard qui donne la couleur singulière à chacun de ses gestes et paroles et qui permet à votre enfant de ressentir que son parent est avec lui et non contre lui… même dans les moments d’opposition. La routine du dodo sera toujours un excellent moment pour démontrer à votre enfant combien il est aimé et apprécié par vous. Soyez créatif ! ­Vous pouvez par exemple le coucher en tortue ou en étoile de mer (la couverture sous tous les membres du corps, ou les pieds et les mains sortis), lui dire une petite phrase personnalisée, revenir positivement sur la journée (« ­Je suis fier de toi parce que… »), lui donner des bisous, lui montrer comment fermer les petits rideaux sur ses yeux, etc. On termine un avec un « ­Beau dodo », on ferme la lumière, puis on sort.

L’endormissement et la qualité du sommeil seront d’autant plus facilités, et votre enfant ne pourra que se sentir valorisé, sécurisé et aimé par la mise en place d’une telle routine.

Bon sommeil… et surtout bonnes périodes d’éveil avec vos p’tits amours ! ­Car un enfant qui dort bien est joyeux… et ses parents, heureux !

BRIGITTE LANGEVIN
Conférencière et auteure de plusieurs livres dont Sommeil – La boîte à outils, publié aux Éditions de Mortagne
Experte en éducation au sommeil et coach en PNL

De bonnes habitudes de sommeil, ça s’apprend !

Un enfant qui dort bien est joyeux… et a des parents heureux!

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Par Brigitte Langevin

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