S'offrir l'émancipation

Je suis maman, gestionnaire dans une grande organisation, j’ai été militaire, et je suis coach professionnelle et consultante. Je fais ce que je veux dans la vie. Je fais de l’argent. J’écris même des livres. Pourtant, quand j’ai rejoint une entreprise comme conseillère à l’automne, c’était la première fois que j’avais envie d’utiliser le terme « émancipation » pour décrire ce que je vivais. Je me suis demandé pourquoi, malgré tous les rôles de ma vie, la notion d’émancipation ne m’était jamais venue à l’idée avant.

J’ai vite pris conscience que je ne vendais pas réellement que des plats en plastique, mais que je venais de repousser mes limites du confort et, surtout, de sortir d’une emprise sociale qui me disait que ce type de travail, c’était le comble du « ultrakitsch ».

Pourtant, aller vers ce « côté obscur » du kitsch me procure une satisfaction jouissante (oui, oui, jouissante !). Je me sens rebelle. Je ricane comme une enfant et je me rends compte qu’à 42 ans, j’assume enfin cet aspect de moi qui voulait juste vivre. Vivre, tout simplement. Yessss ! ­Vivre et embrasser le kitsch ! ­Olé !

L’emprise des forces extérieures
Selon le dictionnaire, s’émanciper signifie « se libérer d’une emprise ». Ça peut donc être plusieurs choses, par exemple : 

Sortir d’une relation toxique et recommencer à respirer ;
Changer d’emploi pour s’orienter vers quelque chose qui nous fait réellement tripper ;
Commencer à suivre des cours sur des sujets qui nous ont toujours fasciné, mais qui semblaient déraisonnables ou pas corrects ;
Sortir d’un moule social et responsable qui pèse trop lourd (Pour moi, être militaire avec un uniforme était devenu trop astreignant. Je voulais faire des petites folies, porter des bijoux éclatants, garder mes cheveux au vent et mettre du vernis à ongles).

L’équation du bonheur serait donc : 
PRENDRE ­CONSCIENCE, puis ­OSER, puis ­SORTIR et passer la porte. Faire le pas. Sortir de la petite prison qui n’était plus alignée avec ­nous-même, nos aspirations et notre bonheur. C’est épeurant, c’est de l’inconnu, c’est inconfortable, mais ô combien satisfaisant quand on fait le pas. Ça nous redonne un pouvoir de superhéros !

Et s’émanciper de l’intérieur ?
Nous pouvons être en « prison » physiquement, mais nous pouvons aussi l’être à l’intérieur de nous.

Une prison à l’intérieur, c’est la pire, car nous vivons avec elle tous les jours, sans répit. Cette prison est faite de peurs, de jugements envers nous et les autres, de croyances limitantes, de honte, de culpabilité, d’ennui, de punitions. La prison psychologique est la plus limitante de toutes. Elle fait mal à chaque instant. En fait, elle fait très mal, car nous la croyons vraie, alors qu’elle n’est qu’une illusion forgée de toutes pièces.

La première histoire qui me vient en tête pour illustrer ceci est celle de ­Nelson ­Mandela, qui fut emprisonné pendant 27 ans et qui a réussi à rester dans la lumière grâce à la force de sa pensée positive. Être dans une prison à l’extérieur de nous ne veut pas dire qu’à l’intérieur de nous, nous devons l’être aussi, vous me suivez ?

S’émanciper, c’est un geste courageux. C’est un saut dans le vide. Et si je me faisais juger ? ­Et si j’échouais ? ­Et si…

Et si… on utilisait la même équation que pour l’émancipation avec l’extérieur ?

Oser d’abord prendre conscience, puis sortir et faire le premier pas vers autre chose ?

Essayer de nouvelles façons de voir la vie, s’amuser, accueillir la différence, le nouveau, le « pas de bon sens », le foufou, le ludique et le cocasse ? ­Sortir de sa boîte !

« ­Ancienne militaire qui vend des plats en plastique, ben voyons donc ! » ­Si je vous disais le nombre de messages que j’ai eus après avoir reçu des honneurs dans ce nouveau travail ! « ­Tu m’inspires, ­Nathalie ! C’est génial, ce que tu fais ! »

C’est ça, l’émancipation. Ça inspire. Ça donne même la permission aux autres de la vivre aussi à travers nous et pour eux. Ça ouvre la porte à toute une partie de la société qui a aussi envie de s’ouvrir comme une fleur !

S’émanciper, c’est éclore et se réveiller.

C’est se donner le cadeau de vivre notre propre vie, librement.

C’est sortir d’une prison qui n’existe pas.

S’émanciper, c’est se dire : « ­Pourquoi pas ? »

NATHALIE LAUZON
Coach professionnelle, auteure et artiste

www.nathalielauzon.ca  •  info@nathalielauzon.ca

Par Nathalie Lauzon

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