Le côté sombre des groupes de discussion de parents

« ­Les zinternet » font maintenant partie intégrante de notre vie. Que ce soit pour chercher un nouveau restaurant, connaître les heures de présentation d’un film au cinéma ou encore comparer le prix de notre prochain ensemble de salon, nous nous dirigeons toujours en ligne pour trouver la réponse. Certaines personnes consultent également différents réseaux sociaux pour s’autodiagnostiquer une maladie, ou encore obtenir des solutions et du soutien auprès de leurs semblables. Qu’en ­est-il réellement de l’impact de ces groupes de discussion sur les parents ?

Les avantages
La pandémie nous a démontré ceci : l’humain est un être social. Les groupes de discussion permettent aux parents d’en tirer de nombreux bienfaits.

1) Sortir de l’isolement
Pour différentes raisons, certains parents se retrouvent seuls dans leur réalité, donc la création de nouvelles amitiés est bénéfique pour leur équilibre. Voici quelques raisons qui expliquent cet isolement.

  • Être chef de famille monoparentale.
  • Avoir un réseau social restreint ou inexistant parce que l’on vient d’emménager dans une nouvelle ville, une nouvelle région ou un pays.
  • Être parent à un âge où la majorité de notre cercle social vit une réalité complètement différente. Exemple : avoir un enfant entre 15 et 25 ans ou avoir un bébé après 40-45 ans.
  • Avoir peu de moyens financiers pour faire des sorties hors de la maison.
  • Obtenir du soutien moral

Par le biais d’un réseau social virtuel, il est possible d’obtenir une belle vague d’empathie et de soutien de la part d’une grande quantité de personnes et ce, de façon quasi instantanée. Cela peut donc permettre de dédramatiser et normaliser notre réalité en constatant que l’on n’est pas seul à vivre certaines situations.

2) Avoir accès à des opinions extérieures concernant notre situation.

3) Demander et recevoir plusieurs trucs et astuces des autres parents en quelques clics.

Les inconvénients
Bien évidemment, en tant que parent, on est à la recherche de conseils, trucs et astuces pour devenir meilleur, et c’est tout à fait normal ! Malheureusement, consulter ce genre de groupes implique aussi quelques risques non négligeables. En voici quelques-uns.

1) Des conseils plus ou moins éducatifs
Les parents sont souvent à la recherche de LA recette à appliquer pour faire cesser un comportement qu’ils trouvent inadéquat et dérangeant. Malheureusement, il y a beaucoup d’échanges de trucs qui ne reflètent pas les tendances éducatives actuelles : plusieurs peuvent être efficaces certes, mais sont-ils bons pour le développement de votre enfant ? Certaines de ces façons de faire se transmettent de génération en génération sans que personne ne se pose la question sur leur pertinence. Voici un exemple bien connu. Mon enfant me mord, quoi faire ? Certains pourraient conseiller de faire mordre l’enfant dans un citron ou encore de mordre l’enfant pour qu’il comprenne la douleur. Mordre un enfant ne lui fera comprendre qu’une chose : quand on est grand, on peut mordre ! Et pour ce qui est du citron, il y a un risque d’une association négative à la nourriture. Il importe plutôt de se questionner sur le besoin réel que l’enfant tente de combler par ce geste. Les « inconnus » qui tenteront de vous aider ne connaissent ni votre réalité familiale, ni votre enfant. Les conseils donnés pourraient ne pas s’avérer utiles ni être appropriés.

2) Chronophagie
Les réseaux sociaux accaparent énormément notre temps… qu’on n’a pas toujours. Les minutes – voire les heures – passées à échanger sur les forums enlèvent du temps de qualité au repos, à la famille, aux tâches, etc.

3) Augmentation du stress
En se comparant aux autres parents constamment, on contribue à augmenter notre sentiment d’incompétence parentale déjà présent, même s’il est souvent injustifié.

N’oubliez pas que chaque enfant est unique et que chaque famille est différente. Une intervention adaptée doit prendre en considération un grand nombre d’éléments avant d’être mise en place. Cela ne veut pas dire que vous ne devez jamais vous fier à ce que les autres partagent comme idées, mais assurez-vous de rester vigilant, et d’utiliser une intervention à laquelle vous aurez réfléchi et que vous aurez adaptée en fonction de votre réalité familiale.

Quand est-ce le moment de sonner la cloche et de réduire l’utilisation de ces groupes ?

  • Quand vous vous sentez de plus en plus comme un mauvais parent. L’objectif premier de ces groupes de discussion est l’empowerment du parent dans son rôle. Si vous commencez à vous flageller, vous n’êtes pas au bon endroit !
  • Si vous êtes témoin de commentaires de piètre qualité, pauvres, agressifs, sans empathie, sans arguments et surtout sans espoir, ce n’est pas constructif !
  • Quand il s’agit de votre unique référence. Ayez un réseau et des sources d’informations variées : famille, amis, livres, formations, ateliers, groupe, intervenants en rencontres individuelles et… votre propre jugement !
  • Si vous n’arrivez pas à vous passer de ce soutien collectif virtuel, il y a un risque de dépendance. Tout est une question de dosage !

Ainsi, il faut toujours voir les deux côtés de la médaille ; bien qu’on soit conscient du côté négatif de ces réseaux, cela ne veut pas dire de proscrire ces groupes de soutien qui sont parfois très utiles. Il est extrêmement rassurant de faire part de son vécu à d’autres qui ont traversé la même chose. Un grand sentiment d’appartenance en ressort. Toutefois, faites confiance à votre propre jugement de parent ! Être parent peut être très insécurisant et, parfois, se faire dire quoi faire et comment le faire est rassurant. Mais chaque parent a avantage à se connecter à lui-même et à son enfant avant de se tourner vers les autres. Faites-vous confiance !

Hélène ­Fagnan
Coach familial et fondatrice de Nanny secours
www.nannysecours.com
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Par ­Hélène ­Fagnan

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