Cours 101 sur le mutisme sélectif

­Connaissez-vous le mutisme sélectif ? C’est un trouble anxieux caractérisé par l’incapacité régulière d’un enfant à parler dans des situations sociales spécifiques (à la garderie, à l’école, au parc, etc.), alors qu’il s’exprime normalement dans d’autres contextes (à la maison, par exemple) et qu’il n’a généralement aucune difficulté à se faire comprendre. Comme ce trouble peut interférer avec la réussite scolaire et avec la communication sociale, il est essentiel d’intervenir rapidement afin d’aider le jeune à le surmonter. Voici donc un petit cours 101 sur le mutisme sélectif pour mieux le comprendre et pouvoir intervenir plus efficacement auprès de l’enfant.

Savoir que l’enfant devant nous souffre de mutisme sélectif est un premier pas. Le prochain est de se renseigner pour mieux le comprendre. Être sensibilisé à ce que cela représente comme défi pour le jeune permet de réaliser l’importance du rôle que nous jouons en tant qu’adulte afin de l’aider à s’en sortir. Il faut savoir que, plus on intervient tôt, plus l’enfant a de chances de guérir. L’enfant mutique n’a pas de problème de langage, c’est l’anxiété liée à une situation qui le pousse à réagir de cette façon. Penser que c’est de la timidité qui finira par passer et laisser le temps agir est l’une des raisons qui explique le délai entre l’apparition du mutisme sélectif et les actions concrètes mises en place. Souvent, les proches ne savent pas comment s’y prendre ou croient que les comportements s’estomperont d’­eux-mêmes, mais l’adulte conscientisé saura qu’il faut intervenir rapidement, même s’il n’est pas certain que la situation perdure dans le temps. En effet, il vaut mieux mettre des moyens en place et que, finalement, la situation s’estompe, plutôt que de simplement espérer que les comportements disparaissent. Ce qui aura été travaillé ne sera pas perdu et sera tout de même utile à l’enfant, mutisme sélectif ou non.

Intervenir efficacement

Une fois sensibilisé, l’adulte sera également en mesure de proposer des solutions pour aider l’enfant à progresser. Il faut privilégier des stratégies et des défis graduels, réalistes et adaptés à chacun. Le choix des interventions s’avère souvent laborieux puisqu’il faut tenir compte d’une panoplie de facteurs venant autant de l’enfant que de son environnement. Il y a tout de même quelques constantes pertinentes à connaître.

Sensibiliser les gens de l’entourage de l’enfant au mutisme sélectif, afin qu’ils comprennent ce qu’il vit, augmentera les chances d’avoir leur appui. Leur expliquer qu’ils ne doivent pas répondre à la place du jeune ou qu’ils doivent éviter certains commentaires, par exemple, permettra de rendre leur aide efficace et de maximiser les progrès de l’enfant. De plus, un travail de collaboration et d’échanges constants entre les parents et les différents intervenants qui gravitent autour de l’enfant est souvent essentiel pour résoudre un cas de mutisme.

Reconnaître et valider les émotions de l’enfant est également très important. Des paroles encourageantes comme « ­Je vois que c’est difficile pour toi de me parler, prends ton temps, je sais que tu es capable » lui donneront confiance et l’aideront à progresser. De plus, lui expliquer la situation, dans un langage adapté à son âge, et l’inclure dans les décisions augmentera sa motivation à faire des efforts. Lui permettre de s’impliquer dans le choix des stratégies à privilégier lui donnera le courage et l’assurance nécessaires pour y arriver.

Finalement, se mettre à la place de l’enfant pour le comprendre et l’accompagner avec bienveillance lui offrira un environnement dans lequel il se sentira compris et en sécurité. En effet, il faut parfois analyser une situation avec ses yeux d’enfant pour être capable de déceler les progrès. Bien que ­ceux-ci puissent parfois paraître minimes, ils lui auront probablement demandé beaucoup d’efforts. Il vaut donc mieux miser sur la qualité de la relation plutôt que sur la progression de la parole seulement. Il s’agit d’une étape décisive pour que des améliorations surviennent.

En somme, si vous pensez qu’un jeune de votre entourage souffre de mutisme sélectif, n’hésitez surtout pas à en parler avec les intervenants qui le côtoient ou à consulter un spécialiste. Lorsque ce trouble est décelé dès son apparition, les chances de guérison sont excellentes, et lorsque les interventions sont bien adaptées, le jeune peut progresser à son rythme, en toute confiance.

Geneviève Bérubé - Orthopédagogue

Geneviève est l’auteure du guide 10 questions sur… le mutisme sélectif chez l’enfant, paru aux Éditions Midi trente. Elle offre différents services pour conseiller les adultes qui gravitent autour des enfants mutiques.

Les Éditions Midi trente publient des livres pratiques et des outils d’intervention sympathiques permettant de surmonter les difficultés et de stimuler le potentiel des enfants et des adolescents.

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Geneviève Bérubé

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