L'agitation chez l'enfant

«J’ai cinq ans, je rentre à la maternelle cette année et j’ai très hâte. Mes parents sont inquiets parce qu’ils disent que je suis un enfant agité, que j’ai besoin de bouger constamment et que, parfois, cela m’occasionne des problèmes.» Êtes-vous parmi les parents qui se sont déjà demandé si leur enfant était TDAH en raison de sa forte agitation? Êtes-vous parfois inquiet du niveau d’agitation de votre enfant au quotidien? 

Dans cette ère générationnelle où tout va vite, où le temps manque parfois et où la perfection est de mise, il est difficile de prévoir les problématiques d’agitation chez l’enfant. On tombe rapidement dans des conclusions hâtives pour un chemin plus court. On doit d’abord mieux comprendre l’agitation chez l’enfant et, par le fait même, s’enlever des briques sur les épaules. Ensuite, on peut mettre notre énergie sur les interventions efficaces afin que ce soit plus agréable pour l’enfant et pour la famille.

Mieux comprendre

Tout d’abord, on dit d’un enfant qu’il est agité lorsqu’il a de la difficulté à tenir en place et parle trop vite, ce qui a pour conséquence qu’il a de la difficulté à se concentrer sur ce qui est demandé et ainsi à exécuter la ou les consigne(s). Un enfant agité ­est-il nécessairement ­TDAH ? ­Non, évidemment, car tous les enfants le seraient. Il est normal qu’un enfant soit agité durant la période de la petite enfance et encore au début de son parcours scolaire. Il développe ses capacités motrices au fil des années et apprend à mieux gérer ses émotions, ce qui demande de l’autocontrôle. De plus, les enfants sont appelés à faire face à des situations nouvelles régulièrement dès leur naissance, ce qui les place dans des situations stressantes quotidiennement. Pour faire face à ce stress, le cerveau de l’enfant doit réagir de trois façons différentes : figer, attaquer ou fuir, tout comme l’adulte d’ailleurs. Le fait est que le ­tout-petit, lui, n’a pas toutes les ressources pour contrôler cette nouveauté omniprésente, et cela génère une agitation, parfois intense, j’en conviens. Mais nul besoin de se demander si notre enfant est anormal, si cette agitation finit par s’atténuer avec le temps et la maturité du cerveau, cela signifie qu’il apprend à mieux s’autoréguler.

Par ailleurs, ­saviez-vous que la présence des écrans de tout genre en grande quantité peut également contribuer à ce que l’agitation perdure ? ­Les articles sur le sujet sont nombreux, mais au quotidien, qui se demande vraiment si la quantité de temps d’écran de nos ­tout-petits est trop importante ? ­Pourtant, il suffit de lire l’un de ces articles pour comprendre que les enfants qui passent trop de temps devant un écran, et ce, peu importe le type d’écran ou le type de jeu, se verront contraints à une plus grande difficulté d’autocontrôle par la suite. Cela mérite réflexion.

Mieux intervenir en 5 points

1.
­Permettez à votre enfant de vider son bocal d’émotions le plus régulièrement possible. L’exemple qui suit vaut mille mots ; l’adulte qui a eu une grosse journée fait quoi en arrivant du travail ? ­Il prend une bière, une coupe de vin, ­peut-être quelques croustilles, bref, il vide son bocal d’émotions. Un enfant, c’est pareil, mais avec moins de moyens. Il faut donc l’aider à trouver de quelle façon il peut arriver à repartir à zéro. Il peut prendre son bain en arrivant, faire du trampoline, manger tranquillement, écouter quelques minutes de télévision ou manipuler des objets sensoriels. Le but étant d’avoir accès à une courte période – entre 10 et 15 minutes – de temps libre pour décompresser loin des nombreuses règles de la journée ou même du bruit intense.

2.
­Dans le point précédent, on parle de vider le bocal parfois avec quelques minutes de télévision. Il faut garder en tête qu’il s’agit d’une courte période, de préférence gérée avec une minuterie pour éviter qu’une trop grande présence devant un écran soit nuisible. Donc, pour atténuer l’agitation motrice et verbale, vaut mieux diminuer le temps d’écran. Les parties du cerveau qui seront sollicitées feront en sorte que le besoin de mouvement sera plus important par la suite.

3.
­Privilégiez les activités sportives libres. Donnez l’occasion à votre enfant de bouger sans avoir une tonne de consignes à respecter, ce qu’il fait déjà en général toute la journée. Faites attention à ne pas surstimuler l’enfant ; cela a pour effet qu’il peut difficilement s’occuper seul calmement. Il faut malgré cette agitation laisser les enfants se chercher intérieurement : c’est sain.

4.
­Éloignez-vous des médias sociaux et des plateformes qui vous inondent d’informations, parfois pertinentes, mais qui peuvent aussi vous mettre de la pression et vous induire en erreur.

5.
­Soyez organisé, routinier, constant, cohérent et créatif. Être organisé, c’est avoir plus de temps et plus de patience. Être routinier, c’est permettre à l’enfant de prévoir ce qui va se passer et donc mieux se situer dans le temps. Être constant et cohérent, c’est lui donner un encadrement sécuritaire. Être créatif, c’est faire diversion dans les moments d’agitation pour soutenir le jeune plutôt que de le punir. Voilà 5 mots simples, mais essentiels.

Finalement, un enfant à qui on a montré comment mieux se contrôler sera un enfant qui pourra mieux gérer son agitation. Il faut éviter de penser que l’enfant sera capable de faire ce qu’on s’attend de lui sans avoir eu la chance de comprendre ce qui est attendu. N’hésitez donc pas à donner l’exemple en modelant le comportement souhaité : rien de plus concret pour ces petits cerveaux en apprentissage. Ensuite, ­rappelez-vous que vous avez plus de pouvoir sur l’amélioration de la situation que vous le pensez.

Et si, malgré les astuces énumérées plus haut, votre enfant présente, selon vous, des symptômes reliés à de l’hyperactivité, il est important de consulter votre médecin afin d’éclaircir la question.

Dans le cas où vous souhaiteriez un accompagnement professionnel pour vous aider à intervenir efficacement et à soutenir votre enfant dans la gestion de cette agitation, n’hésitez pas ! ­Les ­éducateurs spécialisés, entre autres, peuvent faire une belle différence.

Christel Leblanc
Éducatrice spécialisée et fondatrice des services en éducation spécialisée, Christel Leblanc. Entreprise de réadaptation pour enfants et adolescents TDA/H, anxieux, difficultés de comportement, TSA, retard langagier, autres.
www.christelleblanc.com

Christel Leblanc, service en éducation spécialisée
Vaxa centre ressources
2967, rue Picard, Saint-Hyacinthe J2S 1H2
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Christel Leblanc

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