Des émotions

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Nombre de femmes enceintes se préoccupent des conséquences de leurs émotions, parfois intenses, sur leur bébé. Elles craignent de lui transmettre du négatif et se culpabilisent lorsqu’elles vivent des émotions qui les bouleversent. ­Est-ce votre cas? ­Voici quelques idées qui vous aideront à remettre les choses en perspective…

D’entrée de jeu, un petit rappel: les émotions sont le propre de l’humain. Elles font partie de ce que nous sommes, elles émanent de notre perception unique et toute personnelle des expériences que nous vivons. Tous, nous traversons ce genre de vague à un moment ou à un autre. Même enceinte…

Même si elles peuvent être mal perçues dans notre société – surtout celles qui sont considérées comme étant négatives –, les émotions sont en fait un cadeau, un messager. Elles nous enseignent quelque chose d’important, nous informent sur ce qui se passe à l’intérieur de nous. Et si nous ne les entendons pas, elles augmenteront en intensité pour nous faire saisir le message qu’elles portent.

Dans notre culture, nous avons une peur bleue de ce genre d’intensité, car cela cause un malaise. Or, l’expression de nos émotions est essentielle pour nous soulager, nous libérer et nous donner la possibilité de nous régénérer. Si nous avons peur de nos émotions, c’est parce que nous les méconnaissons et, surtout, parce que nous ne savons pas quoi faire avec. Nous les subissons donc passivement et douloureusement. Mais les émotions ne font souffrir que parce que nous les comprimons et les refoulons. Et c’est lorsque nous réprimons ou nions nos émotions qu’elles prennent le contrôle sur notre vie.

L’émotion qui devient stress?
­Au-delà des émotions que vous vivez, il y a ce que vous choisissez d’en faire. ­Demeurez-vous dans un état désagréable longtemps après l’avoir vécu, ressassant vos craintes que ça comporte des risques pour votre bébé et faisant ainsi perdurer leur impact sur vous et accroître votre stress?

À défaut de pouvoir les faire disparaître (ou de tenter de les étouffer), il est possible de traverser vos émotions avec sérénité. Quelle est l’emprise qu’elles ont sur vous? ­Vous ­paralysent-elles ou, au contraire, les ­traversez-vous pour ensuite transiter vers l’état suivant?

D’un point de vue strictement corporel, la barrière placentaire laisse filtrer les réactions chimiques résultant des émotions maternelles. Ce qui signifie qu’une maman angoissée transmettra au fœtus les hormones liées à son état (notamment le cortisol, l’hormone du stress la plus importante chez l’humain), qui se retrouveront alors dans le liquide amniotique et le sang du bébé. Donc, en vous culpabilisant de ressentir des émotions intenses, vous générez du stress, rajoutant une couche additionnelle à ce que vous vivez déjà…

À l’inverse, lorsque vous êtes heureuse, vous libérez des «hormones du bonheur» qui se rendent à bébé à travers le placenta et lui confèrent un état de ­bien-être. L’enfant à naître absorbe donc les émotions de sa mère durant la grossesse .

Bien sûr, vous ne passerez pas d’un état désagréable au bonheur en un claquement de doigts. Toutefois, il est possible que vous permettiez à l’orage de prendre tout l’espace, mais seulement pendant un temps. Ensuite, c’est terminé et vient le temps du soleil.

Les émotions, pour apprendre ce qu’est la vie hors du ventre
Vous ne pouvez pas, de manière réaliste, espérer vivre dans un climat de continuelle zénitude chaque jour de votre grossesse. Et même si cette ­hypothétique sérénité continuelle était possible, elle ne serait pas représentative de ce qu’est la vie hors du bedon maternel et ne permettrait pas à votre bébé de s’y préparer.

Votre enfant, même encore en gestation, est déjà pleinement présent dans votre ventre. À travers vous, il expérimente déjà différentes émotions. Grâce à la diversité de vos ressentis, vous lui permettez de découvrir la richesse des émotions humaines. Il est aussi en mesure d’identifier que l’émotion n’est pas la sienne mais la vôtre. Toutefois, à ce moment très précoce de sa vie et en raison du stade encore très inachevé du développement de son cerveau, le petit d’humain croit que le monde tourne autour de lui et pourrait penser, à tort, qu’il est responsable de ce que vous vivez. L’important est donc que vous, sa maman, lui expliquiez ce qui se passe.

Donc, lors de votre prochain tumulte émotif, voici une petite marche à suivre qui vous permettra de transformer la manière dont ça se passe.

1. ­Tout d’abord, posez la main doucement sur votre bébé à travers votre ventre et accueillez ce qui est présent. Oui, ­donnez-vous le droit de ressentir l’émotion qui vous traverse présentement, quelle qu’elle soit. «C’est ­OK, j’ai le droit de ressentir (émotion).» ­Et permettez que ce soit là, tout simplement. Respirez profondément «dans» cette émotion qui vous traverse.

2. ­Adressez-vous à votre bébé pour lui parler en mots simples de ce qui se passe:
• ­ ­«­Présentement, je vis (nommez ­l’émotion).» ­Cela valide le ressenti qu’il peut en avoir.
• ­­Précisez que cette émotion est la vôtre, qu’elle vous appartient.
• ­ ­Dites-lui qu’il n’a rien à voir ­là-dedans, que ce n’est pas sa faute.
• ­ ­Mentionnez-lui aussi qu’il n’y a rien qu’il puisse faire pour empêcher cela, ou même vous réconforter. Tout ce qu’il a à faire est de flotter tranquillement dans votre ventre et de grandir en santé.
• ­ ­Dites-lui aussi que c’est vous la maman et que vous vous occupez de votre émotion, que ce n’est pas à lui de le faire.

Voici donc une petite prescription qui risque fort de vous apaiser vous aussi. À appliquer sans modération!

Annie Ève ­Gratton, Bedon ­Zen
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Par ­Annie Ève ­Gratton

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