Mon enfant est constipé, que faire?

constipation

« ­Docteur, mon enfant n’a pas fait de selles depuis trois jours. Il craint le pot, et parfois, il y a du sang sur le papier de toilette. Que faire ? » ­Très fréquente chez les enfants, la constipation suscite son lot d’inquiétudes chez le parent à court de solutions. Voici quelques pistes qui vous aideront à démystifier cette problématique.

Tout d’abord, la constipation se définit par une fréquence des selles inférieure à 3 par semaine ou d’une difficulté, voire une impossibilité à évacuer les selles avec ou sans ballonnements dans le ventre et des douleurs à l’expulsion. Les selles restent bloquées dans l’intestin ou sortent plus petites, plus dures et moins abondantes.

La constipation est désagréable, mais elle n’est pas ­i­nquiétante si elle est occasionnelle et n’est pas associée à d’autres ­symptômes digestifs.

Les causes chez l’enfant
La constipation est fréquente principalement à cause du manque de fibres et d’eau dans l’alimentation. Elle est souvent d’origine psychologique à la suite d’un apprentissage trop hâtif ou laborieux de la propreté. Certains facteurs peuvent la provoquer : chirurgie abdominale, manque d’exercice, alimentation pauvre en légumes et en fibres, et trop riche en gras, en viande et en féculents, mauvaise musculature des abdominaux, usage trop fréquent de laxatifs ou parce qu’on ne satisfait pas l’envie dès qu’elle se manifeste. Par ailleurs, certains médicaments causent souvent de la constipation, comme un excès de fer, de vitamine D ou la prise d’analgésiques narcotiques.

Les conséquences
Outre les causes courantes et mineures, la constipation peut être due à une invagination intestinale ou à une complication d’appendicite. La constipation peut causer des hémorroïdes qui sont des dilatations des veines de l’anus (externes) ou du rectum (internes). Ces dernières ne sont ­généralement pas visibles au pourtour de l’anus. Elles peuvent toutefois ­descendre le long du rectum et à travers l’anus.

Les hémorroïdes causent de la démangeaison, de la douleur et parfois de légers saignements. Si le sang ne circule plus dans les veines dilatées, il peut se former un caillot ­(thrombose) qui grossit et provoque une douleur intense. Les bains de siège, l’hydratation, l’application d’onguent et, au besoin, des ­médicaments pour ramollir les selles peuvent soulager la ­majorité des patients souffrant d’hémorroïdes. Les hémorroïdes augmentent les douleurs à l’expulsion des selles et favorisent ainsi la constipation. Dans les cas de rétention fécale les plus graves, les selles forment une boule très dure dans le rectum, appelée fécalome. L’évacuation devient très douloureuse. Une radiographie de l’abdomen permet de visualiser le fécalome et d’en mesurer la dimension.

En cas de constipation, les situations suivantes vous aideront à décider où et quand consulter un professionnel de la santé.

Urgence
• Aucune selle depuis plus de 3 jours, en plus des symptômes suivants : abdomen dur, distendu et douloureux ; présence ou non de fièvre ; aucune position n’est confortable, et la douleur empêche de dormir ou réveille la nuit ; nausées et vomissements bilieux ou sanguinolents.
• La constipation ou la douleur est accompagnée de saignements abondants et continus de l’anus.
• Un enfant constipé refuse de boire ou de manger et présente les symptômes suivants : fièvre élevée (plus de 39 °C ou 102,2 °F) ou persistante, confusion, léthargie, somnolence, irritabilité anormale (pleurs persistants), vomissements inexpliqués associés à des douleurs abdominales aiguës, sang dans les selles.

Consultation rapide
• La constipation s’accompagne d’une douleur abdominale, soulagée par l’émission de petites selles dures (syndrome du côlon irritable).
• La constipation persiste ou revient ­régulièrement chez un enfant, malgré une modification de son alimentation.
• Le patient est constipé, a des hémorroïdes, des démangeaisons, des douleurs et des ­saignements importants. Les produits contre les hémorroïdes offerts en vente libre en pharmacie n’apportent pas de soulagement, ou aggravent les symptômes.
• La constipation s’accompagne d’autres symptômes : fièvre, douleur abdominale importante, perte de poids significative, traces de sang dans les selles, diarrhée alternant avec constipation, hémorroïdes, prolapsus rectal (une partie de la muqueuse rouge du rectum sort à l’extérieur par l’anus), fissure anale.
• La personne atteinte de constipation prend régulièrement des médicaments pouvant favoriser la constipation : antihistaminiques (contre les allergies), diurétiques (pour augmenter les urines), certains tranquillisants, antihypertenseurs, analgésiques à base de morphine ou contenant de la codéine, suppléments de calcium ou antiacides contenant du calcium ou de l’aluminium. Un fécalome (bouchon de matières fécales) peut s’être formé.
• La constipation s’accompagne de frissons, d’une fatigue ­importante, d’une perte de cheveux, d’une prise de poids et d’une déshydratation de la peau. Il pourrait s’agir de symptômes d’hypothyroïdie.

Consultation qui peut attendre
• Présence des symptômes bénins associés à des ­hémorroïdes : quelques petits saignements dans la cuvette, sur le papier hygiénique ou les ­sous-vêtements. Il ne s’agit pas de sang dans les selles mais de petites hémorroïdes. L’application d’un onguent ainsi qu’un changement dans les habitudes de vie et l’alimentation devraient suffire.
• Si le problème persiste ou s’aggrave, un avis médical permettra d’éliminer les causes de constipation plus sérieuses.
• Si, de façon générale, les symptômes sont mineurs, la consultation peut attendre quelques jours. En cas de doute sur la cause de tout saignement rectal, il vaut mieux consulter un médecin qui pourra faire la différence entre une cause bénigne (hémorroïdes) et un problème plus sérieux.

En attendant de voir votre professionnel de la santé, vous pouvez poser les gestes suivants : 
Premiers soins
• Lubrifier l’anus en cas de difficulté à évacuer les selles. Un pharmacien peut être de bon conseil sur le choix du produit à appliquer.
• Pour les hémorroïdes : prendre des bains de siège dans une eau à une température confortable, 20 minutes, 3 fois par jour. S’asseoir sur un coussin en forme de beigne. Porter des ­sous-vêtements amples en coton. Après chaque selle, bien nettoyer la région de l’anus avec de l’eau (sans savon) et la sécher.
• Fissures anales : appliquer une crème anesthésique locale pour soulager la douleur et favoriser la guérison.
• ­Consommer des fibres de psyllium ou utiliser des ­suppositoires de glycérine.

Même si la constipation peut vous sembler sans conséquence, il vaut mieux : 
• Ne pas prendre régulièrement de laxatifs ou de suppositoires à la glycérine : ils créent une accoutumance.

Choisir plutôt un laxatif naturel, tel que le psyllium.
• Ne pas donner de laxatifs aux enfants sans l’avis du médecin.
• Consommer les tisanes laxatives avec modération, car elles peuvent irriter les intestins.
• ­Ne pas forcer l’évacuation des selles si elles ne viennent pas naturellement.
• Limiter l’usage des produits offerts en vente libre dans les pharmacies pour les hémorroïdes, car ils anesthésient la douleur sans régler le problème. De plus, ils peuvent irriter la peau.
• Éviter de se gratter en cas d’hémorroïdes.
• Éviter la consommation excessive de lait ; les enfants de plus de deux ans ne devraient pas boire plus de 750 ml (3 tasses) de lait par jour.

Pour prévenir la constipation, un changement des habitudes d’alimentation peut suffire. Par exemple : 
Prévenir
• Boire beaucoup d’eau (environ 8 verres par jour), sauf s’il y a ­contre-indication.
• Manger à des heures régulières et consommer plus de fibres (25 à 30 g ou 1 oz par jour), en augmentant graduellement la consommation de fruits (rhubarbe, pruneaux ou figues) et ­légumes-feuilles verts crus et cuits, de légumineuses, de riz brun, de noix, de céréales à grains entiers (avoine, son, blé, surtout le matin) et de pain complet. Boire un grand verre d’eau avec chaque repas offrant des fibres.
• ­Diminuer la consommation de fromage, de pain blanc, de graisses, de sel, de caféine, d’alcool et d’aliments raffinés.
• Faire de l’exercice régulièrement et quotidiennement (au moins une marche de 20 à 30 minutes).
• Aller aux toilettes dès que l’envie se présente ou établir une routine régulière (aller à la selle chaque jour à la même heure).
• Se détendre aux toilettes. Au besoin, prévoir un jeu ou de la lecture.
• Ne pas initier un enfant au pot trop jeune (avant 18 mois) ni avec acharnement.
• ­Maintenir un poids stable et à l’intérieur des limites recommandées.

Par ­Nicole ­Audet

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