Les nuances du mot résilience

Moi

C’est fou comme les enfants sont résilients ! ­Une affirmation qu’on a pu confirmer à maintes reprises depuis le début de cette fameuse pandémie. Ils sont d’ailleurs plus résilients sur des sujets d’adultes que sur des sujets d’enfants.

Il y a quelques années, je me suis séparé. Ma plus grande crainte était la réaction de mes enfants ­post-séparation. Quitter une belle maison avec une cour, une piscine et des jeux… pour passer à un condo au deuxième étage ayant comme seul terrain un petit coin gazonné. Je me rappelle leur première visite. Je m’attendais à une réaction négative. Eh bien non, mes filles ont adoré l’endroit et leur nouvelle chambre. Elles m’ont dit de ne pas m’en faire et qu’elles allaient m’aider à transformer notre nouvelle maison.

Lorsque la pandémie a frappé, comme tous les parents du monde, j’étais inquiet de leur réaction. Plus de danse, ni de sport... plus de fêtes d’amis… pas de souper de ­Noël. Mais non, leur réaction a été tout simplement de me dire : « ­Pas grave, papa, on fera autre chose et on aura plus de temps en famille. »

Lorsque j’ai perdu mon emploi en plein milieu de la pandémie, elles ont été les premières à me rassurer en me disant tout ­simplement qu’il y aurait plein d’autres emplois pour moi.

Mais… il y a toujours un mais
Les enfants sont loin d’être aussi résilients lorsqu’il s’agit d’un problème… d’enfant. S’il fallait qu’une de mes filles obtienne cinq minutes de plus sur la tablette que l’autre, oubliez la résilience.

S’il est vrai que nous apprenons beaucoup de nos enfants, je ne suis pas certain de ce que je dois retenir de tout ça. En psychologie, on dit que la résilience est l’aptitude d'un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques. J’imagine donc que je suis un père traumatisé (rires).

Mes excuses à ma mère
Tu vas voir un jour quand tu auras des enfants, tu vas comprendre ! ­Combien de fois l’­avez-vous entendu, ­celle-là ? Moi, souvent ! ­Alors qu’aujourd’hui, mes filles ont 10 et 12 ans, je pile sur mon orgueil et je demande pardon à ma mère. Mon père aussi, bien sûr, mais comme il est au ciel, ce sera plus difficile de lui faire le message.

Je m’excuse pour :
Toutes les fois où j’ai fait une crise parce que ­TU n’avais pas fait mon lavage.
Toutes les fois où j’ai fait une crise parce que ­TU passais la balayeuse pendant que je regardais la télévision.
Toutes les fois où j’ai pris des douches tellement longues et chaudes et que ­TU devais attendre que le ­chauffe-eau fasse son travail.
Toutes les fois où j’ai abîmé mon linge en disant : « ­Bof pas grave, ­TU vas en acheter d’autre. »

Et toutes les autres fois où j’ai tenu pour acquis ce que je possédais en pensant que le monde m’appartenait. Eh oui, c’est maintenant à mon tour de passer par là. C’est fou le temps qu’une fille de 12 ans peut prendre dans une seule et unique salle de bains ! ­Ce n’est pas une blague : si je calcule le temps qu’elle y passe en plus de mon autre fille ainsi que ma blonde, je passe en moyenne 250 heures par année à attendre que la salle de bains se libère.

Ce matin, je me suis levé tôt, j’ai pris une douche hyper chaude. Je ne l’ai pas fermée tout de suite en terminant, ­Oh non, monsieur ! ­Je l’ai laissée couler jusqu’à ce que mort d’eau chaude s’en suive. J’ai pris leur linge à laver et je l’ai caché. J’ai sorti de vieux vêtements pour leur journée… un peu trop petits en plus ! ­Je me suis assis dans la cuisine avec mon café, un sourire un peu…machiavélique aux lèvres. J’ai attendu que mes filles se lèvent pour les voir paniquer tout simplement parce qu’il n’y avait plus d’eau chaude. J’ai attendu de les entendre crier en voyant les seuls vêtements qu’elles avaient pour leur journée. J’ai regardé le spectacle, tellement satisfait ! ­Je n’ai rien dit. Je suis tout simplement retourné me coucher, heureux d’avoir un peu beaucoup bousculé leur journée.

Un jour, si elles ont des enfants, elles comprendront pourquoi papa était si heureux à ce moment bien précis.

YANNICK GAGNÉ
www.nannysecours.com 

Par Yannick ­Gagné

À lire aussi