Il balance la tête pour s'endormir est-ce normal?

Même si, physiologiquement, le sommeil s’installe de la même façon chez l’être humain, et que nous dormons tous (en grande majorité) à l’horizontale sur un matelas confortable, chacun de nous a sa façon particulière de s’y abandonner.

Pour nous endormir, notre rythme interne doit diminuer. Chez les adultes, ce rythme est plutôt cérébral : les pensées deviennent moins concrètes, c’­est-à-dire qu’elles sont toujours présentes, mais on y porte peu d’intérêt, un détachement s’installe, les ondes électriques diminuent, et hop ! on tombe dans les bras de ­Morphée. Chez les bébés et les enfants, il est plutôt question du rythme « moteur » : ils doivent pratiquement cesser de bouger afin que leur cerveau puisse générer un rythme plus lent et leur permettre de partir à leur tour au pays des rêves. Voilà pourquoi tant d’enfants et de bébés s’endorment en auto : ils ne peuvent plus bouger comme ils le désirent.

À chacun sa façon !
Lorsque le cerveau signale la fatigue à son hôte, le but est de saisir ce moment pour aller dormir ou du moins s’y préparer (avec une période d’hygiène et de détente) afin d’y répondre dans les prochaines minutes. Une fois notre tête posée sur le matelas, notre corps confortablement installé et au chaud, débute la période de latence de l’endormissement : le rythme doit ralentir afin que le petit train du sommeil puisse se manifester et nous transporter dans l’état de sommeil. Durant cette période, chacun y a associé une « façon de faire ». Par exemple, chez les bébés et les enfants, certains vont prendre leur pouce ou une tétine, téter l’oreille d’un toutou, frotter leur bouche et le dessous de leur nez avec la doudou ou la mettre carrément sur leur visage, se jouer dans les cheveux, se déplacer sur le côté ou se coller contre les barreaux du lit, etc.

Un tempo corporel pour s’endormir, souhaitable ou pas ?
Toutes les façons de faire pour s’endormir et se rendormir en cours de sommeil sont acceptables (tant que cela demeure sécuritaire, bien entendu), sauf que certains bébés (autour de ­8-9 mois, mais souvent avant 18 mois), pour arriver à ralentir le rythme, génèrent un tempo avec leur corps qu’on appelle « rythmie d’endormissement ». On les voit alors balancer la tête de gauche à droite ou de haut en bas, parfois se mettre à quatre pattes et se balancer d’avant en arrière. Un son rythmé accompagne parfois ce mouvement, du genre ­ha-ha, ­ha-ha. Le scénario le plus impressionnant est celui où l’enfant cogne sa tête sur les barreaux ou les murs pour trouver le sommeil. Voici la description d’un parent.

Ma fille de 10 mois et demi a commencé, il y a quelques semaines, à se cogner la tête sur les barreaux de son lit afin de s’endormir, autant pour les siestes que pour la nuit. Elle le fait même durant la nuit entre ses cycles de sommeil. J’ai cru comprendre que c’était une rythmie d’endormissement. J’ai validé avec son médecin qui m’a rassurée en me disant que c’était fréquent chez les bébés de son âge, mais pas dangereux. Depuis trois jours, ma fille a aussi commencé à émettre des petits sons en continu (comme une méditation) en même temps que les coups. ­Est-ce que je la laisse faire ou ­dois-je intervenir ?

En effet, comme l’a spécifié le médecin, il n’y a pas danger pour le cerveau du bébé (celui qui cogne sa tête particulièrement). Il est toujours conseillé, toutefois, d’en parler à son pédiatre afin de s’assurer que cette façon de faire ne soit pas la résultante d’un problème de santé ­sous-jacent. Une fois rassuré, tant que le balancement rythmique est léger et silencieux, on peut laisser aller. Ce genre d’association pour s’endormir disparaît autour de quatre ans environ.

Cependant, tout comme l’usage du pouce ou de la tétine, il faut parfois faire cesser la rythmie d’endormissement, en raison par exemple du bruit dérangeant causé par les balancements du corps (certains petits vont jusqu’à déplacer la couchette), du cognement ou des sons de bouche. Dans certaines familles, il suffit d’aviser l’enfant, de décoller le lit du mur, de lui rappeler la position idéale pour dormir (dos, ventre, côté) en le plaçant dans chacune de ces positions dans son lit, et tout cesse dans les deux ou trois nuits qui suivent. Bien entendu, dans d'autres familles, il faudra s’investir un peu plus.

Quelques astuces
Pour celui qui se cogne la tête : 

- ­Le replacer au centre du lit ;
- ­Le mettre dans un parc. Les parois étant en filet, le mouvement n’a plus le même impact, et l’enfant cesse ;
- ­Chez les plus vieux, retirer le matelas du lit le placer par terre au centre de la pièce.

Pour celui qui balance la tête de gauche à droite : 
- ­Immobiliser sa tête quelques secondes avec vos mains ;
- ­Le placer sur le côté ;
- L’asseoir dans le lit et le maintenir ainsi quelques secondes.

Chez celui qui se balance à quatre pattes d’avant en arrière : 
- ­Le replacer sur le dos ;
- ­Le remettre à plat ventre en ­allongeant ­seulement ses jambes ;
- L’asseoir quelques secondes.

Au cours de ces interventions, vous devez agir selon une des options plus haut (sans parler ni cajoler, et ce, même si bébé devient très fâché) et quitter la pièce, si vous en avez le temps. Au début, les interventions sont rapprochées et, au fil des jours, elles s’estompent. Il convient de voir de l’amélioration en l’espace de trois nuits, sinon l’enfant envoie le message qu’il y a un manque de cohérence de votre part. Il faudra alors revoir vos interventions en détails pour y remettre la cohérence nécessaire.

D’autres options
Un métronome (appareil qui émet un battement selon le tempo choisi, en musique) peut s’avérer utile chez certains enfants qui cessent alors leur mouvement rythmique. Il faut l’expérimenter pour savoir si c’est profitable ou pas dans votre situation. Il suffit de l’activer au moment du coucher, le soir, de choisir différents tempos de soir en soir et d’observer les résultats. Si, au bout de trois ou quatre nuits, il n’y a aucune amélioration, vous devrez tenter l’une des options énumérées précédemment.

Pour des enfants de trois ou quatre ans, certains parents souhaitent utiliser un tableau d’émulation (récompense), ce qui peut s’avérer intéressant afin de motiver l’effort dans le cadre de nouveaux apprentissages acquis. Cependant, comme l’enfant est en période d’endormissement, il n’a pas connaissance de son mouvement rythmique. Votre enfant risque donc d’être déçu s’il fait face à un échec de matin en matin, puisqu’il n’est pas conscient de ce qu’il fait, malgré sa bonne volonté d’agir autrement lorsque vous lui en parlez pendant la routine du dodo.

Enfin, en ce qui concerne les sons de bouche, ils disparaissent en même temps que le tempo corporel. Aucune intervention n’est nécessaire.

­Rappelons-nous que dormir est un processus naturel et interne à chaque individu. Mais, parfois, il faut un petit coup de pouce pour ramener les acquis et favoriser de nouveau les bonnes habitudes de sommeil ! ­Bon dodo !

BRIGITTE LANGEVIN
Conférencière
Experte en éducation au sommeil

Auteure de 10 livres, dont Sommeil – La boîte à outils : Stratégies et techniques pour bien dormir, publié aux Éditions de Mortagne.

Coach en PNL
De bonnes habitudes de sommeil, ça s’apprend !

www.brigittelangevin.com •  Facebook : bonneshabitudesdesommeil

Par Brigitte Langevin

À lire aussi